Affaire Ibni : les députés français se rebellent

Contre toutes attentes, les députés français ont obtenu que la France fasse pression pour obtenir une présence internationale dans le « comité de suivi » de l’enquête sur la disparition de l’opposant tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh.

L’opposant tchadien Ibni Mahamat Saleh, un an avant sa disparition. © AFP

L’opposant tchadien Ibni Mahamat Saleh, un an avant sa disparition. © AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 30 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Normalement, le scénario était écrit d’avance. Les députés français – majorité et opposition réunies – devaient annoncer le vote d’une résolution appelant Paris à faire pression sur N’Djamena pour que, deux ans après, le sort de l’opposant tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh soit enfin connu. Puis Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, devait rejeter poliment l’appel des députés en leur expliquant que le Tchad est un pays souverain.

Le 25 mars, au début de la discussion dans l’hémicycle, tout s’est passé comme prévu. Au nom du groupe socialiste (opposition), le député Gaëtan Gorce a demandé à la France d’entamer des démarches pressantes auprès des autorités tchadiennes pour qu’elles acceptent la présence d’observateurs internationaux dans le « comité de suivi » qui supervise l’enquête sur la disparition d’Ibni, enlevé par des éléments de l’armée tchadienne le 3 février 2008, quelques heures après la fin de la bataille de N’Djamena.

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Où est l’opposant tchadien ?

Au nom du groupe UMP (majorité), le président de la Commission des affaires étrangères, Axel Poniatowski­, a appuyé la démarche. Bernard Kouchner­ a répliqué qu’« il serait absurde d’interférer sur le cours de la justice d’un État indépendant ». Dans les tribunes et devant leur poste de télévision, les diplomates du Quai d’Orsay chargés du dossier tchadien devaient pousser un grand ouf ! de soulagement…

Le problème, c’est que, à la Chambre, le ministre n’est pas chez lui. Il ne maîtrise pas les débats. Très vite, les députés l’ont interpellé sur le rôle de l’armée française pendant la bataille de février 2008. « Vous teniez l’aéroport de N’Djamena. Pourquoi avez-vous laissé décoller les hélicoptères tchadiens qui ont bombardé plusieurs quartiers de la ville ? » lui a demandé l’un d’entre eux. Sentant qu’il fallait lâcher du lest, Kouchner a lancé : « Vous voulez une présence internationale dans le comité de suivi ? Bon, on peut essayer. Pourquoi pas ? » – « Vous pouvez l’exiger. » – « Exiger ? Non. Mais suggérer plus fortement, oui, d’accord. » À cet instant, quelques diplomates du Quai ont dû se mordre la langue… 

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