L’Ile des Grands Lacs

Transposée en Afrique centrale, la pièce sud-africaine L’Île sera jouée en RD Congo, au Rwanda et au Burundi. Avec la force symbolique d’une distribution rwando-congolaise.

capture d’écran du site theatre-contemporain.net (Photo Stéphanie Jassogne) © DR

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Publié le 28 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Roland Mahauden, le directeur du Théâtre de poche (Bruxelles), est de retour. Fatigué, mais heureux de ses quinze jours passés en Afrique centrale. Lors de ce périple à travers la RD Congo, le Rwanda et le Burundi, il a discuté financement et visité les lieux qui accueilleront la tournée de L’Île, la pièce des Sud-Africains Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona. Une tournée dans l’Afrique des Grands Lacs qui reflète la distribution de la pièce : deux hommes, le Congolais Ados Ndombasi Banikina et le Rwandais Diogène « Atome » Ntarindwa. « En avril 2008, nous avons organisé un atelier pour comédiens à Kisangani, explique le Belge Roland Mahauden. Il y avait des Congolais venant des quatre coins du pays, mais également un Rwandais qui allait jouer L’Île en Belgique. Là, la force symbolique d’une distribution rwando-congolaise m’est apparue. »

L’histoire originale (deux prisonniers politiques enfermés dans des geôles sud-africaines) a été modifiée. Les prénoms ont à présent une consonance swahilie et rwandaise. Et l’action a été transposée quelque part dans un pénitencier en Afrique centrale. La force de cette pièce ne tient pas que dans sa distribution. « Elle parle de liberté, d’oppression, de résistance, insiste Roland Mahauden. Après chaque représentation, nous provoquerons le débat avec l’assistance. Dans l’est de la RD Congo, ça ira, je sais que les peuples se rencontrent. Mais ailleurs ? »

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Paillote avec wifi

À Kisangani, Olivier Maloba (42 ans) se pose la même question. Il dirige le groupe de théâtre Taccems à l’espace culturel Ngoma, un lieu réhabilité avec le soutien du Théâtre de poche. L’électricité se fait rare, la ville a été dévastée par la guerre, et la création culturelle ressemble beaucoup à un luxe. Pourtant, sous une paillote qui lui sert de bureau (avec wifi), Olivier prépare cette tournée sur laquelle il sera assistant à la mise en scène. Soutenue par Africalia (Belgique), la troupe de Kisangani participera au financement de la tournée dans l’est du pays. « Notre théâtre est là pour choquer le public et les politiques, explique-t-il. Nous contribuons à notre liberté en participant à la diffusion de L’Île dans l’est du Congo. Nous ferons participer les défenseurs des droits de l’homme pour passer le message de la liberté et de la résistance auprès d’un public congolais encore apeuré par le théâtre. »

La tournée se produira dans des centres culturels et des universités, mais également dans des lieux moins cossus comme le local de la Croix-Rouge, à Goma, où « la profondeur de la scène fait entre 2 et 3 m, explique Roland Mahauden. Mais en ajoutant des tables bloquées avec des cales, ça devrait aller ».

Pour éviter les couacs techniques, l’éclairagiste du théâtre bruxellois se déplacera avec un léger kit lumière et son. Pour le reste, fidèle à l’esprit du théâtre des townships, le décor est quasi inexistant et se créera sur place. Offrir la culture à travers des pays jadis en conflit sur des planches, même bancales, peut-être n’est-ce pas un luxe, après tout. Peut-être est-ce là que commence vraiment la liberté ?

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