Francophones à la traîne

Depuis 50 ans, cette partie de l’Afrique se développe plus lentement que le reste du continent.

Le bilan économique de la zone francophone est plombé par l’effondrement de la RDC

Le bilan économique de la zone francophone est plombé par l’effondrement de la RDC

Publié le 18 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

1960 : enfin libres !
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1960 : enfin libres !

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À première vue, la situation économique s’est bien améliorée, au sein de ce qu’on appellera – pour simplifier – le « G15 », à savoir les pays francophones qui ont acquis leur indépendance en 1960 : Bénin, Burkina, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, RD Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.

Le PIB du « G15 » est ainsi passé de 8 milliards de dollars en 1960 à 156 milliards en 2010. C’est une multiplication par presque 20 en cinquante ans. Mais elle est de moitié inférieure à celle qui a été réalisée par les trente-trois autres pays d’Afrique subsaharienne réunis. Quid si on enlève la RD Congo, l’ex-colonie belge ? La part du « G14 » dans le PIB subsaharien reste alors la même entre 1960 et 2010 (15 %) alors que celle du G15 est tombée de 27 % à 16 %. La RD Congo, dont l’économie a dégringolé depuis une bonne vingtaine d’années, influe donc négativement sur les quatorze autres pays. En 1960, le géant assurait 41 % du PIB du G15. En 2010, il ne pèse plus officiellement que 8 %, presque autant que le « petit » Congo voisin…

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Pendant ce demi-siècle, la plupart des pays ont souffert de fragilité politique (putschs, dictatures, guerres civiles). L’instabilité étant le pire ennemi de l’épanouissement des affaires, on a donc assisté à un vaste reclassement des économies. Puissance incontestable au sein de notre G15 en 1960, le Congo-Kinshasa produisait quatre fois plus que le Sénégal et six fois plus que la Côte d’Ivoire. La fin de règne du maréchal Mobutu a sonné le glas de l’industrie minière avec une perte annuelle de 12 % entre 1987 et 1997 et une chute des investissements de 15 % par an au cours de la même période. Des pans entiers de l’économie échappent encore au contrôle de l’État. Le PIB par habitant est ainsi passé de 222 dollars en 1960 à 184 dollars en 2010 – la seule baisse au sein du G15 –, alors que celui du Gabon a été multiplié par 30, celui du Congo-Brazzaville par 24 et celui du Cameroun par 10.

Autre constat amer pour le Congo de la rive gauche du fleuve : leurs exportations 27 fois supérieures, en 1960, à celles de leur voisin de la rive droite (480 millions de dollars contre 18 millions), étaient plus de deux fois inférieures en 2008 (4 milliards de dollars, contre 9 milliards).

Autrefois « vitrine de l’Afrique de l’Ouest », la Côte d’Ivoire a également souffert, d’abord des mauvais choix économiques – endettement excessif, dépendance vis-à-vis du marché du cacao – durant la fin du règne de Félix Houphouët-Boigny (1960-1993). La tentative trop tardive de sauvetage au début des années 1990, la dévaluation du franc CFA en 1994 puis la « décennie perdue » du fait de la crise ivoirienne n’ont pas permis de relancer la machine. Le PIB par habitant était supérieur à celui du Cameroun en 1960 (159 dollars, contre 114), il ne l’est plus en 2010 (1 124 dollars, contre 1 153).

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La Côte d’Ivoire a toutefois retrouvé récemment sa place de leader (avec un PIB de 25 milliards de dollars en 2010), qu’elle avait perdu en 2004 au profit du Cameroun. Mais pour garder son avantage vis-à-vis du géant congolais – qui se réveillera un jour –, il lui faut retrouver son lustre d’antan : les 7 % de croissance annuelle des années 1960-1980.

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