Macbeth au Kalahari

Grâce au succès de ses romans policiers, l’auteur des aventures de Mma Ramotswe, Alexander McCall Smith, a ouvert une salle d’opéra à Gaborone.

Publié le 10 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

On se croirait dans un roman d’Alexander McCall Smith. À 20 km de Gaborone, au bord d’une route déserte, une camionnette blanche est garée devant une station-service. Precious Ramotswe, patronne de l’« agence n° 1 des dames détectives » du Botswana, se serait-elle arrêtée pour boire un thé rouge ? Presque. Le succès mondial des aventures de Mma Ramotswe a permis à l’écrivain écossais, né au Zimbabwe, de mener à bien un projet original : ouvrir une salle d’opéra, le No. 1 Ladies Opera House, dans un ancien garage.

Accompagné du compositeur Tom Cunningham, l’écrivain a fait le déplacement pour l’occasion. Le 6 octobre, c’est devant un parterre comble (56 personnes) que s’est tenue la première de l’opéra Okavango Macbeth, créé par les deux amis. « L’idée m’est venue lorsque j’étais en safari dans le delta d’Okavango », explique Alexander McCall Smith, 61 ans, qui, au début des années 1980, enseignait le droit à l’université du Botswana. « J’ai croisé un groupe de primatologues. Je venais de lire leur livre Baboon Metaphysics : le comportement des babouins, avec leurs rivalités et leurs ambitions de pouvoir, n’était pas sans m’évoquer Macbeth de Shakespeare. »

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Vingt chanteurs, recrutés dans les chœurs de Gaborone et accompagnés au piano par le directeur musical David Slater, interprètent des babouins et des scientifiques. Les dix représentations programmées dans la capitale botswanaise sont suivies par une tournée dans les écoles du pays. En juillet 2010, l’opéra devrait être présenté au festival de Grahamstown, en Afrique du Sud.

Pour les chanteurs, dont le baryton Gape Motswaledi, 34 ans, l’expérience est unique. « Au Botswana, nous avons une grande tradition de la chorale, explique-t-il, mais nous connaissons très peu le chant solo et encore moins l’opéra. » Tshenolo Segokgo (Lady Macbeth) est la seule parmi tous les chanteurs à avoir reçu une formation professionnelle au conservatoire de Bourg-la-Reine, en France, en 2007. « Le Botswana a moins de 2 millions d’âmes. Je serai obligée de quitter mon pays pour entamer une carrière, mais mon rêve est de revenir un jour et de créer une école d’opéra », explique cette jeune soprano de 26 ans, qui s’est plu à endosser le costume d’un babouin. « Les rivalités à l’intérieur de la troupe de babouins et l’ambition du couple Macbeth rappellent ce que certains, en Afrique, sont prêts à commettre pour accéder au pouvoir. »

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