Médicaments dangereux !

Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan

prof-edmond-Bertrand
  • Edmond Bertrand

    Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine

Publié le 16 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans certains pays, on peut acheter des médicaments dans la rue : ce sont les « pharmacies par terre », où les produits sont moins chers que chez le pharmacien, mais non sans risque. Quels sont ces médicaments vendus hors de tout contrôle ? Il y a des médicaments volés, parfois répartis en sachets pour être plus rentables. Il y a ceux qui sont périmés tandis que d’autres présentent des malfaçons de fabrication ou de conservation. Il y en a aussi des « normaux », mais vendus en violation des brevets de commercialisation. Des organisations humanitaires et certains pays sont tolérants face à cette pratique car elle facilite, malgré tout, l’accès aux soins.

Les contrefaçons de médicaments posent les plus grands problèmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on doit parler de contrefaçon lorsque l’utilisateur est trompé sur la nature du médicament ou sur son producteur. Les médicaments spéciaux ou génériques, très vendus, comme les antipaludiques (halofantrine ou dérivés de l’artémisine, par exemple) et les antibiotiques (notamment amoxicilline, ampicilline), sont les plus concernés. Les principes actifs peuvent être sous-dosés ou même inexistants et causer ainsi la mort de patients atteints de paludisme ou d’infections sévères. Si beaucoup de faux médicaments contre les déficiences sexuelles ou les excès de poids sont presque toujours inefficaces, ils sont en général un peu moins dangereux.

la suite après cette publicité

Le phénomène de la contrefaçon prend de l’ampleur : il toucherait 1 % des médicaments dans les pays industrialisés et jusqu’à 10 % dans les pays en développement, où le contrôle pharmaceutique est insuffisant, voire inexistant. Les achats par Internet ont également permis cet essor. Selon l’Alliance européenne pour un accès à des médicaments sûrs (EAASM), 62 % des médicaments vendus sur Internet seraient des contrefaçons !

Il est donc nécessaire de mettre en place des contrôles pharmaceutiques plus efficaces. Mais le meilleur moyen de lutter contre la diffusion et la vente des contrefaçons, c’est la mise à disposition de médicaments à des prix accessibles pour les malades, avec des systèmes adaptés de sécurité sociale.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires