Rafsandjani à quitte ou double
C’est sans aucun doute l’homme politique le plus expérimenté – et le plus manœuvrier – de la classe dirigeante iranienne. Un insubmersible baron du régime. Président du Parlement – et bras droit de Khomeiny – entre 1980 et 1989, président de la République jusqu’en 1997, président du Conseil du discernement de cette date à aujourd’hui, candidat malheureux à la présidentielle de 2005, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, 75 ans, est l’un de ceux qui peuvent peser d’un poids décisif dans le dénouement de la crise. Un de ceux, aussi, qui a le plus à perdre.
Les ultraconservateurs le considèrent comme leur adversaire le plus dangereux. Car ce pragmatique, qu’on croyait politiquement mort après sa défaite en 2005, a opéré un énième come-back en 2007, quand il a été porté à la tête de l’Assemblée des experts. Cette instance de 86 membres a théoriquement le pouvoir de révoquer le Guide, Ali Khamenei.
Rafsandjani, qui traîne une réputation de corrompu, a été la cible d’attaques d’une violence rare pendant la campagne. Conscient que Moussavi était inattaquable sur le terrain de la moralité, Ahmadinejad a concentré ses tirs sur l’ancien président du Majlis. Quatre membres de sa famille, dont sa fille Faezeh, ont été arrêtés, puis rapidement relâchés, le 14 juin. Un avertissement sans frais.
Sur la défensive, Rafsandjani a multiplié les consultations et les apartés à Qom, et il se murmure qu’il aurait évoqué la possibilité d’un remplacement du Guide par un « conseil » de trois ou quatre hauts dignitaires religieux. Info ou intox ? Une chose est sûre : les experts ne se rallieront pas sans réticences à cette option, car elle peut provoquer une réaction en chaîne et faire imploser le système. Rafsandjani, qui lutte pour sa survie, a tout intérêt à entretenir l’ambiguïté.
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