La promesse rompue de Radovan Karadzic

Selon le New York Times, Richard Holbrooke avait, en 1996, promis au chef des Serbes de Bosnie l’impunité pour ses crimes en échange de son retrait de la politique.

Publié le 1 avril 2009 Lecture : 1 minute.

On le soupçonnait depuis longtemps, en dépit des dénégations réitérées de l’intéressé, mais un article du New York Times citant des diplomates américains – malheureusement anonymes – semble bien en apporter la confirmation. En juillet 1996, Richard Holbrooke, à l’époque chargé par le président Bill Clinton de résoudre la crise des Balkans (il fut l’artisan des accords de Dayton, l’année précédente), a bel et bien promis, verbalement, à Radovan Karadzic, le chef des Serbes de Bosnie, l’immunité pour ses crimes en échange de son retrait de la politique.

Psychiatre psychopathe

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Las, en 2000, lors des élections législatives en Serbie, l’ancien psychiatre psychopathe a pris le risque de diriger depuis sa planque la campagne d’un parti ultranationaliste. Selon un diplomate cité par le quotidien américain, Holbrooke aurait très, très mal pris ce manquement à la parole donnée : « Ce salopard de Karadzic ! J’ai passé un deal avec lui. Il l’a rompu, maintenant, nous allons le traquer. »

La traque durera près de huit ans. Arrêté le 22 juillet 2008 par les services secrets serbes, le bourreau de Srebrenica (huit mille musulmans bosniaques massacrés en 1993) a été traduit devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, à La Haye, et inculpé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Son procès devrait, si tout va bien, s’ouvrir cette année.

Au-delà de son importance juridico-historique, l’affaire intéresse en raison de ce qu’elle révèle de la personnalité et des méthodes de travail de Holbrooke, récemment nommé par Barack Obama envoyé spécial en Afghanistan et au Pakistan. Intelligent, retors, ambitieux à l’excès (« entrez devant lui dans une porte à tambour, il en sortira avant vous », dit de lui un ancien collègue), c’est un réaliste à sang-froid – ce qui change des va-t-en-guerre illuminés de l’administration Bush. Son habileté aux lisières du cynisme ne sera sûrement pas de trop pour mettre en œuvre la nouvelle politique américaine dans la région et sortir les troupes alliées du bourbier dans lequel elles s’enlisent inexorablement. 

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