Un prix littéraire pour Marie NDiaye ?
Marie NDiaye n’est pas une romancière africaine. Même si elle a participé à l’écriture du scénario du nouveau film de Claire Denis (White Material, qui se déroule en Afrique) et s’est rendu pour ce faire au Ghana, elle l’affirme sans ambages : « Je n’ai pas de double culture. » Et elle ne voit pas en quoi il serait nécessaire, quand il s’agit d’évoquer l’un de ses romans ou l’une de ses pièces de théâtre, de préciser qu’elle est née en 1967, à Pithiviers (Loiret) de père sénégalais et de mère française.
Il n’empêche : son nouveau roman, Trois femmes puissantes, plonge dans les méandres des relations entre Blancs et Noirs. Ses trois personnages de femmes, Norah, Fanta et Khady Demba vivent en équilibre (instable) entre la France et le Sénégal. L’une retrouve son père au pays, l’autre s’est expatriée pour suivre son mari, la dernière tente d’émigrer. Méfiance, défiance, incommunicabilité, poids des blessures du passé : la plupart de ceux qui les entourent vivent dans une bulle de non-dits et de rancœurs tues.
Oui, il s’agit de parler des douleurs de l’exil, de la différence culturelle et économique, de la guerre des sexes. Mais plus que cela, il s’agit d’évoquer la violence des sentiments et des émotions contradictoires entre les hommes et les femmes. Et loin de créer des personnages emblématiques, Marie NDiaye donne vie à des êtres de chair et de sang d’une profonde humanité. En apparence victimes, ces trois femmes restent dignes face aux épreuves. En elles, il y a une force indestructible.
Prix Femina pour Rosie Carpe, première femme à entrer de son vivant à la Comédie-Française avec sa pièce Papa doit manger, le travail de Marie NDiaye est aujourd’hui unanimement salué par la presse et le public. Trois femmes puissantes est un roman qui n’a pas besoin d’être décoré d’un prix littéraire – mais qui le mériterait !
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