Ebola en Guinée : victime de la rumeur, une volontaire de la Croix-Rouge raconte son agression

En Guinée, le personnel des organisations humanitaires venus pour endiguer l’épidémie d’Ebola sont parfois la cible de rumeur et d’attaques de populations hostiles à leur présence. Lopou Toupou témoigne du lynchage qui a failli lui coûter la vie.

Centre de soin de Macenta, en 2014. © AFP/PATRICK FORT

Centre de soin de Macenta, en 2014. © AFP/PATRICK FORT

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Publié le 11 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Dans une déclaration conjointe du 5 mars, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge condamnent les récentes violences perpétrées contre leurs volontaires et leur personnel au Soudan, au Myanmar et en Guinée, entre autres. "Les équipes luttant contre la maladie à virus Ebola en Guinée sont agressées en moyenne dix fois mois par les membres des communautés du fait de la désinformation et de la stigmatisation", note la déclaration.

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Le 8 février, à Forécariah, dans le sud-ouest du pays, deux volontaires de la Croix-Rouge guinéenne ont été battus par des populations déchainées, alors qu’ils préparaient l’enterrement sécurisé d’un mort d’Ebola. Lopou Toupou (en photo ci-contre), une jeune femme âgée de 20 ans,  est l’une des deux victimes de l’agression. Elle revient sur sa mésaventure :

"On a été alerté de la présence d’une victime à Maférinyah. Nous nous y sommes rendus pour assurer le transport sécurisé du corps. Alors que nous avions enfilé nos combinaisons, puis fait le nécessaire devant les parents qui avaient donné leur accord, des individus sont venus et ont demandé à la famille de s’opposer à notre travail, prétendant que c’est la Croix-Rouge qui transmet Ebola".

"On voulait me tuer"

La jeune femme prend alors la fuite et se réfugie chez un vieil homme qui parvient à contenir brièvement la foule. Alros qu’elle se dérobe, elle est touchée à l’épaule par un jet de pierre et tombe au sol. Ses assaillants la frappent alors à coups de pieds dans la tête. Elle doit la vie sauve au fils du vieil homme qui est l’extirper in extremis de ce lynchage. "On voulait me tuer, raconte-t-elle. Le fils du vieil homme est venu à mon secours, en me prenant sur sa moto. On a retrouvé mes collègues à la sortie du village".

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Les volontaires de la Croix-Rouge ont déjà été victimes de telles agressions. Le 16 septembre 2014, neuf membres d’une équipe de sensibilisateurs, dont des journalistes, un prêtre et des personnels de santé, ont été tués par une foule à Womé, sous-préfecture située à 50 km au nord de Nzérékoré, en Guinée forestière. En février, la même rumeur de contamination par la Croix-Rouge avaient semé la psychose dans des d’écoles de Conakry et de l’intérieur du pays. De gros efforts de sensibilisation auront été nécessaires pour que les parents acceptent le retour de leurs enfants dans les établissements scolaires.

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"Sauver des vies"

Loupou Toupou a reçu des soins médicaux à l’hôpital de Forécariah et dans une clinique privée de Conakry. Elle a bénéficié aussi d’un soutien psychologique auprès du délégué en soutien psycho-social de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, Babacar Sanoko. La jeune volontaire se dit malgré tout prête à reprendre le travail : "Je suis prête à repartir sur le terrain, mais on me demande de terminer mon traitement d’abord."

Si elle se réjouit des progrès fait à Maférinyah, elle tient malgré tout à marteler le même message : "Nous ne sommes pas là pour faire du mal, mais pour sauver des vies humaines".

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