« Révolution Zendj » : Tariq Teguia, avant la lutte finale

Dans Révolution Zendj, le journaliste rencontre de nombreux personnages. © Neffa Films

Dans Révolution Zendj, le journaliste rencontre de nombreux personnages. © Neffa Films

Renaud de Rochebrune

Publié le 13 mars 2015 Lecture : 1 minute.

Il existe au moins deux façons de parler du troisième long-métrage de Tariq Teguia. La première consiste à dire qu’il évoque l’histoire d’un journaliste algérien se nommant, comme son illustre prédécesseur tangérois du XIVe siècle, Ibn Battuta. L’homme voyage dans le Sud algérien, au pays des Mozabites, meurtri par des affrontements communautaires. Il se rend ensuite à Beyrouth, puis dans le sud de l’Irak pour enquêter sur cette "révolution Zendj" qui donne son titre au film – une série de révoltes mal documentées qui se sont produites aux VIIIe et IXe siècles dans le Chatt al-Arab, menaçant le califat abbasside.

En cette veille de Printemps arabe, notre journaliste rencontre toute une série de personnages comme la belle Nahla, jeune Palestinienne fille d’un militant nationaliste réfugiée en Grèce, des hommes d’affaires américains qui veulent construire une sorte de Disneyland dans le sud de l’Irak "libéré" par George W. Bush, un spécialiste des livres anciens seul capable de retrouver des textes sur les "révolutionnaires" d’il y a douze siècles, etc.

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L’autre manière d’évoquer ce film foisonnant, signé par l’auteur des superbes Rome plutôt que vous et Inland, consiste à parler d’une oeuvre atypique où la narration proprement dite joue un rôle secondaire, comme dans les derniers opus de Jean-Luc Godard. Un long-métrage mosaïque tourné en marge du "système" sur les désillusions de l’Algérie, et plus largement sur celles de la "nation arabe". Un long-métrage politique qui soutient qu’on ne doit jamais cesser de lutter contre la mondialisation capitaliste et consumériste, même quand la bataille s’annonce perdue – parce que le combat servira tôt ou tard à d’autres.

Révolution Zendj est, en fin de compte, une oeuvre d’art contemporain. Le Centre Pompidou à Paris ne s’y est pas trompé, qui consacre du 6 au 15 mars une série de rencontres autour du travail de Tariq Teguia, cinéaste, photographe et vidéaste.

Révolution Zendj, de Tariq Teguia (sortie à Paris le 11 mars)

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