Racisme : Anthony Ray Hinton, libre après 30 années dans le couloir de la mort en Alabama

Arrêté à 29 ans pour des meurtres qu’il n’avait pas commis, Anthony Ray Hinton a été innocenté jeudi après avoir passé 30 ans dans le couloir de la mort. Une erreur judiciaire tragique qui pourrait avoir été causée par le racisme d’un procureur.

Anthony Ray Hinton a passé plus de la moitié de sa vie dans le couloir de la mort. © Alabama Dept. of Corrections/AP

Anthony Ray Hinton a passé plus de la moitié de sa vie dans le couloir de la mort. © Alabama Dept. of Corrections/AP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

L’histoire est à peine croyable tant elle constitue "un cas d’école de l’injustice", selon un communiqué de Bryan Stevenson, avocat de Anthony Ray Hinton, un Américain noir de 59 ans disculpé jeudi 2 avril après avoir passé 30 années dans le couloir de la mort en Alabama. Au cœur du scandale : "la race, la pauvreté, une défense inadéquate et le mépris de l’innocence montré par l’accusation", affirme encore l’avocat, qui dirige également l’organisation Equal Justice Initiative (EJI).

La juge Laura Petro de la cour de district du comté de Jefferson a donc abandonné toutes lecharges pesant sur Anthony Ray Hinton, qui devient la 152e personne condamnée à mort à être innocentée depuis 1973 aux États-Unis et la deuxième en 2015, selon un décompte du Centre d’information sur la peine capitale (DPIC). Il devait être libéré ce vendredi.

L’enquête avait été menée, selon l’EJI, par un procureur connu pour "ses préjugés raciaux".

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Dans les premiers mois de 1985, deux responsables de deux fast-food de la région de Birmingham avaient été tués par balles au cours de hold-up. La police n’avait relevé aucun indice. Le 25 juillet 1985, le patron d’un restaurant de la même région, à Bessemer, avait été légèrement blessé par balles lors d’un vol. Anthony Hinton, 29 ans à l’époque, avait été arrêté et reconnu par le patron.

>> Lire la tribune : Abolisson la peine de mort, par F. Bellivier, K. Lahidj et R. Badinter

Alibi avéré

Mais celui-ci a toujours affirmé son innocence, avec un alibi en béton. Car au moment des faits, il travaillait à quelque 25 km de là dans un entrepôt. Son superviseur et ses collègues de travail avaient témoigné en sa faveur et un détecteur de mensonges l’avait également exonéré…

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Mais l’enquête avait été menée, selon l’EJI, par un procureur connu pour "ses préjugés raciaux". Toute l’accusation reposait sur la découverte chez la mère de l’accusé d’une arme qui, pour les experts appointés par l’État, avait servi aux attaques. Or la défense n’avait pas pu présenter, faute de moyens, de contre-expertise crédible et l’accusé avait été condamné à mort.

L’organisation EJI s’était emparé de son cas en 1999, bataillant depuis pour prouver son innocence. En 2002, des experts dont un ancien responsable du FBI avaient témoigné du fait que l’arme saisie ne pouvait pas avoir tiré les balles des meurtres. L’an dernier, la Cour Suprême des États-Unis avait annulé la condamnation et la juge Petro avait ordonné un nouveau procès, aboutissant à à la reconnaissance d’une des pires erreurs judiciaires de l’histoire américaine.

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(Avec AFP)
 

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