« Le Soleil sans se brûler » : l’anti-hommage de Théo Ananissoh à Sony Labou Tansi

C’est une heureuse surprise que publient les éditions Elyzad, à Tunis. 

L’écrivain congolais Sony Labou Tansi. © DR

L’écrivain congolais Sony Labou Tansi. © DR

ProfilAuteur_FabienMollon

Publié le 29 mai 2015 Lecture : 1 minute.

Pour l’emballage, une jolie reliure jaune citron à la composition graphique impeccable, dont le rabat nous apprend que ce petit livre inaugure une collection consacrée "aux écrivains et artistes du continent africain". Son nom : "Vies et demie", référence à Sony Labou Tansi, figure solaire dont l’apocalyptique Vie et demie (1979) est à classer au panthéon de la littérature africaine.

C’est donc tout naturellement que le Congolais, dont le sourire illumine la couverture du Soleil sans se brûler, hante les pages de cet anti-hommage signé du Togolais Théo Ananissoh. "Hante", car s’il est omniprésent, c’est dans les discussions et les préoccupations des personnages. "Anti-hommage", car l’auteur, loin de céder au panégyrique, pose un regard lucide sur la légende et, bien au-delà, sur l’Afrique des lettres. L’histoire, inspirée de personnages réels, se passe à Lomé, en 1995.

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De retour d’Europe, Théo (double du romancier, lui-même établi en Allemagne) rend visite à l’un de ses anciens professeurs qui s’est brûlé les ailes à trop s’approcher du pouvoir – ministre tombé en disgrâce, il vient de sortir de prison. Celui-ci l’entretient d’un "pacte" qu’il aurait scellé avec "Sony" et lui demande de l’aider à réaliser l’une des dernières volontés de l’écrivain, qui, victime du sida, se meurt à Paris : finir sa vie au Togo.

L’intrigue, qui prêche le faux pour mettre au jour le vrai, vaut autant pour l’analyse de l’oeuvre de Sony – "Ces romans de la fin sans queue ni tête, ces pièces de théâtre annuelles qu’avait financées quatre, cinq ans de suite un festival à Limoges" – que pour le portrait à la fois touchant et accusateur de l’universitaire perverti par la politique et qui cherche désespérément à se racheter. Manipulation de la culture, faillite des intellectuels… Ananissoh annonce la couleur de cette nouvelle collection, dont on attend avec impatience la prochaine livraison. 

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