Pour un capitalisme responsable

Mo Ibrahim est président de la Fondation Mo Ibrahim

Mo Ibrahim. DR

Mo Ibrahim. DR

Publié le 16 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

La performance économique de l’Afrique au cours des dix dernières années constitue une base solide pour le développement. Outre la demande toujours soutenue pour les ressources naturelles du continent, le secteur des services, en particulier les banques et les télécommunications, y progresse fortement. L’agriculture éveille de plus en plus d’intérêt. Beaucoup reste à faire toutefois pour que la croissance économique profite à tous, soit créatrice d’emplois et, par conséquent, durable.

D’ici à 2050, un quart de la main-d’oeuvre mondiale sera africaine. Au cours des dix prochaines années, le continent comptera environ 108 millions d’enfants supplémentaires en âge d’être scolarisés. Bénédiction ou malédiction ? Cela dépendra de la capacité à mettre en oeuvre, dès aujourd’hui, des politiques de nature à assurer la formation des futurs travailleurs et garantir des perspectives d’emploi convenables aux jeunes de notre continent.

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La création d’emplois doit être la première priorité du continent.

Consacré à la jeunesse africaine, le forum annuel de la Fondation Mo Ibrahim, qui se tient ce dimanche 11 novembre à Dakar, se concentre sur des questions cruciales : comment s’assurer que les jeunes Africains seront compétitifs à l’échelle mondiale et que le continent saura tirer parti de son dividende démographique ? Comment donner aux jeunes générations les moyens de conquérir leur autonomie économique, d’acquérir une responsabilité sociale et politique et de participer pleinement à l’avenir de leur continent ? Comment justifier que les jeunes Africains sont plus instruits que leurs parents, mais plus souvent sans emploi ? Compte tenu de l’importance de ce groupe démographique, la création d’emplois doit être la première priorité du continent. Ce n’est pas une coïncidence si le Printemps arabe a débuté en Tunisie, pays qui compte l’une des jeunesses les plus éduquées et, compte tenu de son niveau d’éducation, également les plus sous-employées d’Afrique.

Les gouvernements doivent mettre en place les conditions permettant aux entrepreneurs de réussir. Avec un accès adéquat aux capitaux, aux informations et aux nouvelles technologies, nos jeunes créeront leurs propres emplois. Nous vivons dans un continent d’entrepreneurs : des millions d’Africains se lèvent tous les jours et cherchent ce qu’ils peuvent acheter et revendre ailleurs pour se nourrir. Imaginons ce qu’ils pourraient faire si nous créions des conditions favorables, en rationalisant l’environnement réglementaire et en confortant l’État de droit.

Les gouvernements doivent aussi veiller à ce que les systèmes d’éducation tiennent compte du marché de l’emploi national, régional et mondial, et préparent correctement les jeunes au monde dans lequel ils vivront et seront en concurrence. Cela nécessite de mesurer l’importance de la formation professionnelle et technique, au-delà de l’enseignement supérieur.

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La société civile et les entreprises ont également de grandes responsabilités à cet égard. Acteur clé de ce développement, le secteur privé africain reste étrangement silencieux. L’intégration régionale, qui bénéficiera autant – si ce n’est davantage – aux entreprises qu’aux citoyens, est soutenue par les responsables politiques, les administrations et la société civile. Les dirigeants d’entreprise doivent être prêts à participer au discours politique, car ils défendent les intérêts d’un capitalisme responsable, créateur de richesses, d’emplois et de développement. Il n’y a pas de honte à défendre haut et fort des entreprises respectables.

Lorsque j’ai fondé Celtel, nous avons mis en place une politique de responsabilité sociale au sein de l’entreprise, considérant qu’il s’agissait d’un investissement profitable : un employé prospère et en bonne santé est un client potentiel. Le secteur privé en Afrique a tout intérêt, du point de vue des affaires, au développement humain, social et politique du continent.

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Il reste encore à la société civile à s’affranchir de sa longue hostilité envers le secteur privé pour contribuer à la réalisation de ce programme. Si nous acceptons tous l’idée selon laquelle c’est l’investissement qui permettra à l’Afrique de se développer, alors les membres de la société civile deviendront les plus ardents défenseurs des entreprises responsables créatrices d’emplois. Ils doivent maintenir la pression sur l’industrie tout en veillant à ne pas l’étouffer inutilement. En tant que dirigeant d’entreprise ayant rejoint la société civile, je pense qu’un partenariat entre ces secteurs est davantage créateur de valeur que source de conflit.

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