Agriculture africaine : quel rôle pour le capital-investissement ?

Dans cette tribune, Jerry Parkes, co-fondateur du fonds de capital-investissement Injaro, détaille les solutions que peuvent apporter de tels opérateurs au développement du secteur agricole en Afrique.

Ferme agricole en RD Congo

Ferme agricole en RD Congo

Jerry Parkes_ Injaro
  • Jerry Parkes

    Jerry Parkes est le cofondateur et le directeur du fonds Injaro qui investit dans les PME du secteur agro-industriel.

Publié le 16 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Si l’Afrique subsaharienne souhaite atteindre la sécurité alimentaire en 2050, elle devra trouver le moyen de combler les 11 milliards de dollars d’investissements qui manquent chaque année au secteur agricole. Et les fonds de capital-investissement spécialisés dans les PME agricoles peuvent contribuer à cet objectif en mettant intelligemment et patiemment des ressources à disposition des entreprises prometteuses et en permettant à ces dernières de devenir des acteurs majeurs en termes d’approvisionnement alimentaire, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté.

Accès insuffisant des PME agricoles aux services financiers

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Les agriculteurs africains sont pénalisés par des retards tant technologiques que productifs qui pourraient être comblés par des investissements adéquats. Ainsi, le rendement agricole moyen des cultures de maïs représente environ 17 % de celui des pays développés (1,5 tonne par hectare contre 9 tonnes par hectare ). Les PME agricoles en Afrique subsaharienne rencontrent des difficultés d’accès persistantes au crédit auprès des banques commerciales. Cela est dû au manque de volonté des banques à créer des instruments appropriés à destination des entreprises agricoles et à l’inexpérience des PME agricoles qui limite leur habilité à élaborer des business plans pertinents et à structurer efficacement leurs besoins en financement.

Cette difficulté d’accès au crédit bancaire se double d’une offre très faible en capital-investissement en faveur du secteur privé africain, d’autant plus marquée dans le cas des PME agricoles. Les investisseurs institutionnels africains sont tenus par la loi d’investir la majorité de leurs capitaux dans des actions cotées : pour les fonds de pension, quand il n’est pas interdit, l’investissement en titres non cotés représente en général moins de 5 % du portefeuille global tandis que les investisseurs étrangers privilégient, quant à eux, des actions cotées.

Les sociétés de capital-investissement : une solution au problème ?

Fortes d’un modèle éprouvé, adapté à l’investissement dans des PME classiques en vue de rendements ciblés, les sociétés de capital-investissement ont déjà commencé à s’attaquer à ces obstacles à travers les fonds qu’elles gèrent. D’une part, elles sont spécifiquement structurées en vue d’offrir du capital à long terme. D’autre part, en tant que spécialistes du secteur, elles sont mieux placées pour évaluer et sélectionner les projets en fonction de leur potentiel économique.

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Aussi, les gestionnaires de fonds ont généralement intérêt à assurer la pérennité à long-terme de l’entreprise. Ils peuvent ainsi investir des ressources importantes dans l’amélioration des capacités managériales, l’élaboration de conseils stratégiques et l’amélioration de la gouvernance d’entreprise.

Enfin, certains gestionnaires de fonds cherchent aussi à déployer une action sociale à travers la création d’emplois, l’amélioration de la productivité agricole et la mise en réseau des agriculteurs ruraux avec les marchés.

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Cette tribune est adaptée du témoignage de Jerry Parkes, publié par Secteur Privé & développement, le blog de Proparco, filiale de l’Agence française de développement. Il est repris ici avec l’autorisation expresse de SP&D dans le cadre d’un partenariat avec Jeune Afrique. Retrouvez sur le site de SP&D d’autres retours d’expériences d’opérateurs du secteur privé sur leurs solutions aux problématiques auxquelles ils sont confrontés dans les pays en développement.

Secteur public et privé

Faire bénéficier des PME agricoles d’une disponibilité accrue du capital et de mesures d’assistance technique contribuerait à accélérer le développement du secteur agro-industriel africain, indispensable si l’on souhaite que le continent puisse nourrir une population en augmentation et contribue à satisfaire la demande mondiale croissante de denrées alimentaires.

Par ailleurs, et du point de vue du capital-investissement, une approche consistant à cibler les PME agricoles et à renforcer les partenariats stratégiques entre le secteur privé, les ONG et quasi-ONG et le secteur public insufflera une dynamique importante pour le développement du secteur agricole en Afrique de l’Ouest.

Des fonds spécialisés, présents en nombre restreint mais croissant, sont prêts à faire œuvre pionnière en tant que partenaires de développement, trouvant le juste équilibre entre rendement financier et développement à long terme de l’agriculture africaine.

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