Attaque des Shebab contre l’Amisom : comment expliquer le mutisme de l’Union africaine ?
À chaque attaque meurtrière contre des soldats de l’Union africaine, l’organisation rechigne à fournir un bilan précis des victimes. La dernière attaque en date en Somalie, qui aurait fait une cinquantaine de morts, ne fait pas exception.
Combien sont-ils à avoir trouvé la mort lors de l’attaque de la base somalienne de l’Amisom à Janaale ? Le 1er septembre, l’Union africaine faisait savoir qu’une attaque meurtrière des Shebab était menée contre la base de l’Amisom, force militaire de l’UA déployée depuis 2007.
Certaines sources occidentales, contactées par l’Agence France Presse, ont dans un premier temps fait état d’une cinquantaine de soldats tués, en grande majorité de nationalité ougandaise et somalienne. Un bilan macabre, relativement conforme à celui fourni par les insurgés islamistes, qui affirment avoir tué plus cinquante soldats de l’Union africaine lors de l’attaque.
Des précisions venues d’Ouganda
« Étant donné la nature complexe de l’attaque, l’Amisom vérifie actuellement le nombre de victimes », a déclaré la mission le 1er septembre sur Twitter. Trois jours plus tard, silence radio.
Les seuls chiffres précis sont venus jeudi de l’Ouganda, qui a annoncé que douze de ses soldats avaient été tués lors de l’attaque. Kampala a par ailleurs précisé ne pas pouvoir confirmer si des militaires d’autres nationalités avaient trouvé la mort. Des informations tardives, que l’Ouganda explique auprès de Reuters en évoquant le protocole, qui impose logiquement d’informer les proches des victimes avant de rendre l’information publique.
Opacité de l’Amisom
Reste que ce manque de transparence se répète à intervalle régulier. En juillet dernier, les Shebab auraient mené une attaque-suicide contre un convoi de troupes éthiopiennes de l’Amisom. Aucun bilan n’avait été alors communiqué.
Même opacité en juin, lors de la dernière attaque massive contre l’Amisom. Le 26 juin, les shebab avaient attaqué une base à Lego, au nord-ouest de Mogadiscio, sur la route de Baidoa. Une cinquantaine de personnes avaient été tuées, dont une majorité de soldats burundais, lors de cette offensive présentée comme l’une des plus meurtrières des shebab. Là encore, aucun bilan n’avait été fourni.
Comment expliquer ce mutisme ? Jocelyn Coulon, directeur de recherche sur les opérations de paix (ROP), explique que l’opacité vient essentiellement des pays dont sont originaires les soldats. « Certains États ne souhaitent pas que ces informations soient diffusées. Il ne s’agit pas seulement du nombre de soldats morts en mission : le nombre de soldats déployés par contingent est également très difficile, voire impossible à obtenir », explique-t-elle. Ce manque de transparence n’est d’ailleurs pas propre à l’Union africaine : les données de l’OTAN, des missions de l’Union européenne comme de la Cedeao sont également très difficiles à recueillir.
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