Nigeria : Wole Soyinka appelle au dialogue avec les indépendantistes du Biafra

Le prix Nobel de littérature Wole Soyinka a appelé le gouvernement du Nigeria à la modération et au dialogue face au renouveau d’un mouvement indépendantiste au Biafra, dans un entretien télévisé diffusée mercredi.

Wole Soyinka, en 2012. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Wole Soyinka, en 2012. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 9 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Jouissant d’une forte autorité morale, l’écrivain de 81 ans conseille de changer de méthode et de ne pas faire qu’opposer une répression musclée aux militants de cette région déshéritée du sud-est du pays, théâtre d’une terrible guerre civile qui avait fait un million de morts entre 1967 et 1970.

« Pendant la guerre j’avais écrit un article dans lequel je disais que le Biafra ne pouvait être vaincu. Les gens n’ont pas compris ce que je voulais dire. Une fois qu’une idée est née et qu’elle a pris racine, on ne peut pas la détruire », a raconté Wole Soyinka sur la chaîne privée Channels, ajoutant : « Même si on gagne sur le champ de bataille, l’histoire n’est pas finie ».

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Une série de manifestations ont eu lieu ces dernières semaines au Biafra pour réclamer la libération du militant indépendantiste Nnamdi Kanu, fondateur du groupe interdit Peuple indigène du Biafra (IPOB) et directeur de Radio Biafra, qui émet depuis Londres. Arrêté en octobre puis inculpé de « terrorisme », « conspiration » et « appartenance à une organisation illégale », il est toujours détenu par la police secrète.

Lui-même emprisonné durant deux ans

Nnamdi Kanu et ses militants réclament la création d’une république indépendante du Biafra, 45 ans après la fin de la guerre civile, provoquée par la déclaration de sécession des Biafrais en 1967. Wole Soyinka a lui-même été arrêté et emprisonné pendant deux ans pendant la guerre, la junte militaire au pouvoir l’accusant de collaboration avec le leader biafrais, le général Emeka Odumegwu-Ojukwu.

« Il faut leur demander ce qu’on peut faire pour qu’ils se sentent vraiment une partie du Nigeria », a expliqué le dramaturge, plutôt que se contenter de répéter que « la souveraineté du Nigeria est indivisible et non-négociable », ce qui « ne fera qu’empirer les choses ». Début décembre, le gouvernement a déployé des renforts de policiers dans la région, pour empêcher « tout rassemblement qui menace l’ordre public et la cohésion nationale » et avertissant que toute personne arrêtée s’attirera « la colère de la loi », selon le chef de la police nigériane.

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