Algérie : nouveau rap cinglant de Lotfi DK contre le gouvernement

Lancé le 11 décembre, le nouveau clip du rappeur algérien Lotfi Double Kanon fait le buzz sur les réseaux sociaux. Accusateur et virulent, ce morceau s’en prend au pouvoir algérien et évoque l’injustice ressentie par une partie du peuple.

Publié le 14 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Comme un pavé dans la mare. Via son dernier clip, lancé le 11 décembre, le rappeur algérien Lotfi Double Kanon compte bien (re)faire du bruit avec ses rimes tranchantes et ses critiques acerbes. Avec l’actualité algérienne en ligne de mire, tout y passe : l’absence  » inadmissible  » du Président Abdelaziz Bouteflika à cause de son état de santé, la « mafia» à la tête du gouvernement, la polémique autour de la loi de Finances 2016, les menaces à l’encontre des médias (suite à la fermeture de la chaîne El Watan TV), l’affaire de l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines Chakib Khelil, ou encore les pressions ressenties par les musulmans à l’étranger à la suite des attaques de Paris.

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La politique algérienne dans le viseur

Tourné à Paris et publié sur YouTube le 11 décembre, le clip de son nouveau morceau comptabilise déjà plus de 410 000 vues. Sur la page Facebook du rappeur qui compte plus de 4 millions d’abonnés, il a été partagé plus de 10 000 fois, avec un message clair :  » Dima 3gabhoum  » (on ne vous lâche pas). Cette date de sortie n’est d’ailleurs pas anodine, puisqu’elle renvoie, d’après Lotfi DK, au 11 décembre 1960 et aux manifestations du peuple algérien pour l’indépendance.

Et, histoire d’en rajouter une couche, c’est Ali Belhadj, ancien leader du Front islamique du salut (FIS), qui apparaît au début du clip en évoquant « l’insolence du Premier ministre Sellal, à qui un seul artiste peut répondre… »

Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas faites attendre. Alors que certains n’apprécient guère l’intervention d’Ali Belhadj ou le thème récurrent anti-Bouteflika, beaucoup louent le courage du rappeur. Un internaute sur Facebook propose même à tous les jeunes Algériens de diffuser le morceau dans leurs voitures, en pied de nez. Silence radio pour l’instant du côté des principaux concernés.

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Un exilé musical

Parmi les rappeurs algériens les plus populaires, porte-parole d’une génération qui se sent opprimée et lésée, Lotfi DK est né en 1974 à Annaba, où il a obtenu un diplôme d’ingénieur d’État en géologie. Mais c’est pour ses rimes et son engagement politique qu’il a préféré s’illustrer, ce qui lui a valu d’être privé de concerts et désigné il y a quelques années comme persona non grata dans son pays. C’est depuis la France qu’il poursuit donc sa joute verbale à l’encontre du gouvernement algérien.

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« Je ne reviendrais pas en Algérie tant que Bouteflika est au pouvoir », avait-il déclaré en 2014 après quelques morceaux hostiles à un quatrième mandat du président, ajoutant : « Internet c’est le fléau du pouvoir algérien. Ils n’arrivent plus à le contrôler ».

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