Gambie : en 2015, un festival de « yahya-jammehries »

Privés des burlesques Idi Amin Dada et Jean-Bedel Bokassa, consolons-nous avec l’ubuesque satrape de Gambie. Au titre de l’année 2015, voici le « top five » des saillies les plus tragicomiques de Yahya Jammeh…

Yahya_Jammeh_2015_1000 © L’œil de Glez

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Publié le 16 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Aubaine ou frustration ? Il a beau tout tenter pour se faire remarquer, le président gambien ne suscite que des cris d’orfraie inaudibles de la communauté internationale. Voilà pourtant plus de vingt ans qu’il parsème sa gouvernance de propos et de comportements qui prêtent autant à rire qu’à pleurer. En cette année 2015 qui s’achève – la vingt-et-unième de son régime -, Yahya Jammeh a encore gratifié l’Afrique de quelques aphorismes, décisions anachroniques ou propos pour le moins… maladroits. Petit florilège.

5e- « Teint clair prohibé »

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Début décembre, Yaya Jammeh entrait en guerre contre la pratique de la dépigmentation, connue sous le nom de « Xessal » dans la région du Sénégal. Lors d’un discours, le président gambien rappelait aux femmes en quête de peau pâle, que non seulement l’achat de pommades éclaircissantes était un gaspillage d’argent et un facteur de maladies (ce qui est vrai), mais qu’il trahissait un refus de la couleur que Dieu leur a donnée (ce qui est aussi vrai). Exit les baumes dépigmentants, donc. Mais gare à la suspicion si vous êtes naturellement de teint clair… Et en Gambie, mieux vaut ne pas badiner avec les interdits présidentiels.

4e- « Le pays le plus riche du monde »

En février dernier, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de cette ancienne colonie britannique, Yahya Jammeh promettait que son pays allait devenir, la même année, le pays le plus riche de la planète. Un pays dont l’économie est essentiellement caractérisée par l’agriculture traditionnelle de subsistance et la dépendance vis-à-vis des arachides ; un pays classé, en 2012, 165e sur 187 par le Programme des Nations-unies pour le développement (Pnud), en termes de développement humain. Mais rien d’impossible à celui qui se fait appeler « Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Dr. Yahya AJJ Jammeh Babili Mansa », « Babili Mansa » signifiant « roi qui défie les rivières »…

Le maître de Banjul a confirmé à la BBC qu’il resterait chef d’État pendant « un milliard d’années… si Allah le veut » !

3e- « République islamique de Gambie »

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Alors qu’il a fait adopter, en 2002, un amendement constitutionnel supprimant la limite du nombre de mandats, le maître de Banjul vient encore de le confirmer à la BBC : il restera chef d’État pendant « un milliard d’années… si Allah le veut ». Alors autant se mettre le Divin dans la poche. Le 9 décembre dernier, à Brufut, à 25 km de la capitale, le fervent et démonstratif Yahya Jammeh annonçait que la Gambie – 1,96 million d’habitants à 90% musulmans – était désormais « un État islamique » dont le destin est « dans les mains d’Allah le Tout-Puissant ».

2e- « L’exciseuse excisée »

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En novembre dernier, dans sa localité natale de Kanilai, alors qu’il annonçait l’ « abolition » de l’excision, le président gambien indiquait que l’exciseuse qui sera prise en flagrant délit sera elle-même excisée (ce qu’elles sont déjà en général, mais passons…). Loi du talion gênante pour des militants anti-excision tout de même forcés d’applaudir l’interdiction inattendue des mutilations génitales. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la Gambie est l’un des dix pays où l’excision est la plus pratiquée. Elle concerne environ trois quarts de la population féminine.

1er- « Pénis en tranche »

Puisque les scalpels présidentiels semblent bien aiguisés, le maître de Banjul en profite pour promettre d’autres mutilations génitales. Yahya Jammeh est homophobe, ce n’est un secret pour personne, depuis qu’il a accusé les gays d’être une « menace pour l’espèce humaine » et qu’il a rendu hommage aux poules dont il est certain qu’aucune n’a jamais été lesbienne. Si l’aversion pour les amours homosexuelles ne fait guère de lui un Africain original, sa méthode d’ « éradication » est des plus radicales. Lui qui ne tarde pas à invoquer la peine de mort, il a suggéré, en 2015, une technique tout aussi dissuasive : « Walahi, Bilahi, Talahi, Al-Azim ! Tout gay ou lesbienne pris en Gambie aura le sexe coupé et découpé en morceaux ». Une promesse de mutilation accompagnée d’une invitation à « aller chercher un visa et s’installer ailleurs ».

Vivement 2016 !

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