Dossier énergie : des besoins et des solutions

Les besoins en énergie sont énormes, mais des solutions existent. Partout sur le continent africain, les réalisations se concrétisent. Florilège.

L’énergie solaire, un solution pour les pays ne disposant pas d’hydrocarbures. © Reuters

L’énergie solaire, un solution pour les pays ne disposant pas d’hydrocarbures. © Reuters

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Publié le 27 janvier 2012 Lecture : 4 minutes.

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Énergie : que la lumière soit !

Sommaire

Est-il nécessaire de rappeler les besoins criants du continent en matière d’énergie, et en particulier d’électricité ? Non que les choses n’avancent pas, même lentement, mais la demande galope plus vite que l’offre. Les routes se construisent – des autoroutes, même ! -, les malls poussent comme des champignons : jamais l’Afrique n’a accueilli autant d’investissements… Et pourtant, la tâche reste immense. Sa capacité installée de 114 gigawatts équivaut à celle de l’Allemagne. Différence de taille : la première compte 1 milliard d’habitants, quand la seconde en abrite 82 millions… L’Afrique du Sud et l’Égypte représentent à elles seules 65 % de ce total.

Vergnet SA, le champion du renouvelable

Le groupe français s’est fait une spécialité des fermes éoliennes en Afrique. Déjà, 142 générateurs d’une puissance totale de 136 MW sur le continent, en Mauritanie, au Nigeria, en Éthiopie, en Érythrée et au Kenya. Le champ d’Ashegoda cumule à lui seul 120 MW via 120 éoliennes. Sur ce projet de 294 millions de dollars (contrat signé avec Ethiopian Electric Power Corporation), 30 MW sont à ce jour destinés au réseau national. Vergnet oeuvre aussi dans le solaire photovoltaïque de petite taille (décentralisé). Parmi ses clients : l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD), Onatel (Burkina Faso), Alcatel… Le parc installé par la société de Marc Vergnet atteint une puissance de 1,3 MW crête… M.P

Alors que le continent devrait dépenser annuellement 40 milliards de dollars (31 milliards d’euros) pour le secteur, seuls 11,6 milliards de dollars y sont consacrés. Les délestages sont monnaie courante et l’électricité reste un objectif très lointain pour les ruraux : 12 % d’entre eux seulement peuvent s’éclairer par simple pression d’un interrupteur. Que dire en outre des entreprises qui doivent ajouter à leurs charges de fonctionnement de coûteux moyens de production ? De quoi par exemple grever l’économie sénégalaise de quelque 100 milliards de F CFA (152 millions d’euros) par an. Le Sénégal a même frôlé le cataclysme social en juin dernier, tant la population était fatiguée d’être privée d’un service qu’elle paie pourtant une fortune. Le plan Takkal, lancé en février par le ministre de l’Énergie, Karim Wade, et qui mobilise près de 1 milliard d’euros, est déjà vigoureusement contesté, car jugé coûteux et de trop court terme.

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Neuf des plus grands chantiers africains (cliquer sur l’image pour agrandir)

Il y a cependant des raisons d’espérer. Le Maghreb mise ainsi sur les énergies renouvelables. Le Maroc et l’Algérie viennent ainsi d’intégrer l’ambitieux plan Desertec. Objectif : produire de l’électricité via l’énergie solaire, en exporter une partie en Europe, tout en s’approvisionnant au passage. Si les énergies renouvelables sont souvent décriées, ce modèle de développement énergétique est défendu par nombre d’institutions, dont la Banque africaine de développement (BAD). L’argument repose sur un principe simple : les pays qui ne possèdent pas d’hydrocarbures (Sénégal, Maroc, Côte d’Ivoire, Guinée, etc.) ont tout intérêt à décorréler leur économie du cours du brent (aujourd’hui au-dessus de 100 dollars). Pour les autres, l’utilisation efficace de leurs ressources (notamment du gaz issu des champs de pétrole) doit enfin devenir une réalité.

Maghreb : Desertec, un géant venu d’Europe

Lancé par les Allemands, le projet Desertec prévoit l’installation de grandes centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dont une partie de la production répondrait à 15% des besoins énergétiques de l’Europe d’ici à 2050. Le coût du projet est estimé à 400 milliards d’euros. La centrale a concentration de Ouarzazate, qui verra le jour cette année au Maroc, est la première concrétisation de ce projet démesuré.

Maroc – Algérie : lumière sur le solaire thermique

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D’ici à 2050, les technologies solaires pourraient fournir 20 % de la production mondiale d’électricité, selon l’Agence internationale de l’énergie. Si le photovoltaïque en fait partie, une autre technologie pourrait s’avérer pertinente dans les pays arides : le solaire thermique à concentration (concentrating solar power, CSP). Son principe ? Concentrer l’énergie radiative du soleil à l’aide de miroirs pour produire la vapeur d’eau nécessaire à la rotation de turboalternateurs.

Testé en Europe dans les années 1970, le CSP est tombé dans l’oubli la décennie suivante, victime d’un prix du baril redevenu bon marché. Mais son retour en grâce semble se profiler au Maghreb. « Le CSP constitue la priorité des priorités », assène Badis Derradji, PDG de New Energy Algeria (Neal). Le gouvernement algérien projette d’installer 7 000 MW de capacité solaire d’ici à 2030. Et le Maroc envisage, lui, de se doter d’une capacité de 2 000 MW pour 2020. Or le CSP devrait jouer un rôle central car, contrairement à une centrale photovoltaïque, une unité de ce type permet une production différée d’électricité par stockage de vapeur, à même de se substituer aux énergies fossiles en période de pointe.

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En conséquence, chaque pays compte un site expérimental couplant gaz et solaire : au Maroc, la centrale thermique d’Aïn Beni Mathar (470 MW, dont 20 MW en solaire) a été mise en service en 2010, tandis que celle de Hassi R’mel (150 MW, dont 30 MW en solaire), en Algérie, a été inaugurée en mai dernier. Le financement de tels projets représente un défi. « Chaque mégawatt installé coûte entre 5 et 6 millions d’euros », confirme Laurent Belouze, chef de projet des financements ENR chez Natixis. Mais la confiance semble de mise : via son Fonds pour les technologies propres, la Banque mondiale a provisionné une ligne de crédits de 750 millions de dollars (590 millions d’euros) consacrés aux CSP dans les pays du Maghreb. Idir Zebboudj

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