Tunisie : trois ans après l’assassinat de Chokri Belaïd, les commanditaires courent toujours

Il y a trois ans, le 6 février, était abattu Chokri Belaïd, le célèbre opposant tunisien. Malgré les investigations de la Justice, les commanditaires de ce crime ne sont pas encore identifiés.

La Tunisie n’a pas encore clos l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, toujours entourée de mystère. © Aimen Zine/AP/SIPA

La Tunisie n’a pas encore clos l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, toujours entourée de mystère. © Aimen Zine/AP/SIPA

Publié le 5 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Le 6 février 2013 à 8h05, le leader de gauche, Chokri Belaïd, est abattu par trois balles à bout portant. Cet assassinat politique, ressenti comme un cataclysme en Tunisie, fera bouger les lignes politiques. « Qui a tué Chokri ? », scandent ses proches à l’ouverture du procès de ses assassins supposés le 30 juin 2015.

Ils dénoncent ainsi la fragilité d’un dossier d’instruction mal ficelée qui n’a pas identifié les commanditaires de ce meurtre. Pourtant des jihadistes, ayant rejoint Daesh en Libye, ont revendiqué, dans une vidéo, cet assassinat mais cela n’a pas suffi à convaincre le comité de défense de Chokri Belaïd et l’opinion publique.

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Les accusés

L’instruction fait comparaître 24 inculpés, dont cinq seront présents à la première audience en juin 2015, les 19 autres, exigeant un procès équitable, ont refusé d’être présents. Ils sont tous accusés d’avoir  » fourni des informations, un local et des dons directs afin de financer des personnes ayant des activités terroristes » et d’avoir « fourni des armes et des explosifs à un organisme en relation avec des crimes terroristes », selon Me Samir Ben Amor, du groupement d’avocats représentant Chokri Belaïd.

Kamel Gadhgadhi, identifié par l’enquête comme étant celui qui a tiré sur le fondateur du parti El Watad a été abattu lors de son arrestation en février 2014, et Ahmed Rouissi, qui aurait participé à organiser l’opération aurait pour sa part été tué dans des combats en Libye où il s’était enfui.

Un procès énigmatique

Le procès piétine. Abdelmajid Belaïd, frère de Chokri, dénonce les pressions exercées pour le bon déroulement de la Justice et révèle que des pièces ont disparu du dossier dont un document relatif au rapport balistique et un autre sur les voitures utilisées lors de l’opération. Il accuse également le juge d’instruction de ne pas avoir approfondi les recherches à partir des relevés de communications téléphoniques.

Pour l’opinion publique, il n’y a aucun doute ; il existe une volonté de ne pas faire toute la lumière sur l’affaire. La voiture ayant servi à l’assassinat n’a pas été mise sous scellé et a disparu d’un local de la police où elle était entreposée. Des manquements qui entretiennent les doutes sur une éventuelle implication de forces sécuritaires comme l’avait affirmé, en 2015, le commissaire de police Ali Oueslati.

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Omerta

Mauvaise volonté ou réelle impuissance de la Justice ? Dans tous les cas, l’omerta autour de l’assassinat de Chokri Belaïd lui confère une dimension de crime d’État. En campagne électorale, l’actuel président de la République s’était engagé à faire toute la vérité sur l’affaire mais l’opinion s’est résignée à l’idée qu’elle ne saura jamais qui a ordonné le meurtre de Chokri.

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