Tchad : deux manifestations de jeunes réprimées en une semaine à N’Djamena

Plus d’une vingtaine de manifestants ont été arrêtés samedi, à N’Djamena, puis libérés ce lundi. Ils protestaient contre la dispersion violente d’un meeting organisé jeudi dernier par une centaine de jeunes diplômés. Leur arrestation a suscité de vives réactions du côté de l’opposition.

Des policiers et des militaires patrouillent dans les rues de N’Djamena, le 15 juin 2015, au Tchad. © Brahim Adji / AFP

Des policiers et des militaires patrouillent dans les rues de N’Djamena, le 15 juin 2015, au Tchad. © Brahim Adji / AFP

Publié le 8 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Pourquoi les jeunes sont-ils descendus dans la rue ?

Une marche a été organisée samedi dernier dans les rues de la capitale tchadienne pour dire « non à la répression de toutes formes de violences dont (la jeunesse) est victime depuis 25 ans ».

Les manifestants, dont la plupart sont membres du Collectif des associations et mouvement de jeunes du Tchad (Camojet), protestaient contre la réaction violente des forces de l’ordre jeudi 4 février lorsqu’un sit-in organisé devant le ministère de l’Éducation nationale avait été violemment dispersé par la police anti-émeutes. La centaine de manifestants, pour la plupart de jeunes diplômés, étaient « venus exiger leur intégration dans la Fonction publique » a expliqué Remy Gamo, secrétaire général du Camojet, la loi de finances pour 2016 prévoyant la suspension de toute intégration à la fonction publique pour les trois ans à venir.

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Combien de personnes arrêtées ? Combien libérées ?

Comme jeudi, la marche organisée samedi a été aussitôt dispersée. Le parcours que devaient emprunter les manifestant avait pourtant été quadrillé par les forces de l’ordre. Au total, 23 personnes ont été arrêtées et emmenées au commissariat central de N’Djamena.

« Tous les manifestants ont été entendus par la police judiciaire. Il leur est reproché le trouble à l’ordre publique, la marche n’ayant pas été autorisée », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police nationale, Paul Manga, précisant qu’ils seraient ensuite « déférés à la justice ».

« Pour le moment, le ministère public n’a pas souhaité engager des poursuites contre les personnes arrêtées », a expliqué le procureur de la République à l’AFP, ajoutant « nous ne pouvons que les libérer ». Sur les 23 personnes arrêtées, toutes ont été relâchées.

Comment l’opposition a-t-elle réagi ?

Dans un communiqué conjoint, deux mouvements de la société civile, « Trop C’est Trop » et « Iyina » (« on est fatigués »), ont demandé « la libération immédiate et sans conditions des jeunes arrêtés ».

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« On ne peut prétendre défendre (la démocratie) au niveau national et international tout en voulant réprimer la liberté d’expression, d’opinion et de manifestation », s’insurge les signataires du texte alors que le Tchadien Idriss Deby Itno a été désigné président de l’Union africaine, lors du 26e sommet de l’organisation panafricaine, le 30 janvier dernier.

« A la veille de l’élection présidentielle du 10 avril 2016, le pouvoir montre une fois encore son vrai visage despotique, qu’incarne le président Idriss Déby Itno », a déclaré Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition tchadienne.

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« La marche avait été préalablement annoncée, le parcours connu et les responsables identifiés. C’est donc une activité légale, qui n’a du reste connu aucun dérapage ni porté atteinte à l’ordre public », avait ainsi justifié Saleh Kebzabo, tout en dénonçant « ces pratiques anti-démocratiques dignes d’une république bananière ».

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