Bachar al-Assad rejette les accusations de crimes de guerre et veut reconquérir la Syrie

Dans une interview accordée jeudi à l’Agence France presse, le président syrien Bachar al-Assad s’est dit déterminé à reprendre le contrôle de toute la Syrie.

Le président syrien Bachar al-Assad à Paris le 9 décembre 2010. © Remy de la Mauviniere / AP / SIPA

Le président syrien Bachar al-Assad à Paris le 9 décembre 2010. © Remy de la Mauviniere / AP / SIPA

Publié le 12 février 2016 Lecture : 3 minutes.

L’interview du président syrien Bachar al-Assad a été réalisée jeudi 11 février par l’AFP dans son bureau à Damas. Il s’agit de sa première interview depuis l’échec le mois dernier des pourparlers de Genève et le lancement par son armée au début du mois d’une vaste offensive militaire dans la région d’Alep (Nord) appuyée par les bombardements de l’aviation russe.

Reconquérir le « territoire syrien »

« La reconquête de tout le territoire syrien est un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation (…) que nous soyons capables de le faire ou non », a poursuivi le président âgé de 50 ans. Mais, « il n’est pas logique de dire qu’il y a une partie de notre territoire à laquelle nous renoncerons », a-t-il précisé.

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« Depuis le début de la crise, nous croyons totalement aux négociations et à l’action politique. Cependant, négocier ne signifie pas qu’on arrête de combattre le terrorisme. Les deux volets sont indispensables en Syrie (…) Le premier volet est indépendant du second », a souligné M. Assad. Par le terme « terroriste », le régime syrien désigne tous ses opposants armés, qu’ils appartiennent à une tendance modérée ou jihadiste.

La bataille d’Alep

Selon Bachar al-Assad, la « bataille principale » d’Alep dans le nord de la Syrie a pour but de « couper la route » entre cette province et la Turquie, et non pas de prendre la deuxième ville du pays, qui est divisée entre secteurs tenus par les rebelles et quartiers contrôlés par le régime. Cette offensive a poussé des dizaines de milliers de Syriens à fuir les combats et à tenter de se réfugier en Turquie.

L’importance de couper cette route tient au fait qu’elle constitue « la voie principale de ravitaillement des terroristes », a-t-il dit, en référence aux rebelles soutenus par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.

Assad n’a d’ailleurs pas écarté le risque d’une intervention militaire turque et saoudienne en Syrie mais a affirmé que ses forces y feraient face. « C’est une possibilité que je ne peux pas exclure pour la simple raison que (le président turc Recep Tayyip) Erdogan est quelqu’un d’intolérant, de radical, un pro-Frères musulmans et qui vit le rêve ottoman (…) Il en est de même pour l’Arabie saoudite. De toute manière, une telle action ne sera pas facile pour eux et nous allons très certainement y faire face », a-t-il indiqué.

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Crise des migrants et accusations de crimes de guerre

Évoquant la crise des migrants, le président syrien a affirmé que l’Europe devait créer les conditions pour aider au retour des réfugiés dans leur pays. « Je vais appeler les gouvernements européens qui ont contribué directement à l’exode (des réfugiés syriens) en fournissant une couverture aux terroristes et en imposant un embargo à la Syrie à aider au retour des Syriens chez eux », a-t-il dit.

Il a par ailleurs catégoriquement rejeté les accusations de l’ONU rendant son régime responsable de crimes de guerre, notamment d’extermination de détenus dans les prisons, affirmant que la plupart des rapports des institutions des Nations unies étaient politisés et infondés.

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« Les institutions onusiennes (…) sont essentiellement dominées par les puissances occidentales et la plupart de leurs rapports sont politisés et n’avancent pas de preuves », a-t-il soutenu.

« C’est pourquoi je ne crains ni ces menaces ni ces allégations », a-t-il répondu lorsque les journalistes de l’AFP lui ont demandé s’il ne craignait pas de devoir rendre des comptes un jour devant un tribunal international.

La guerre en Syrie a fait plus de 260 000 morts en près de cinq ans et poussé des millions de personnes à l’exil.

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