Éolien : le Maroc fait tourner les têtes

Le Maroc a fait du développement des parcs éoliens une priorité. A côté des acteurs locaux, de grands noms de l’énergie se manifestent.

Inaugurée en 2010, la ferme de Melloussa est située à une trentaine de km de Tanger. © AFP

Inaugurée en 2010, la ferme de Melloussa est située à une trentaine de km de Tanger. © AFP

Publié le 26 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

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Énergie : que la lumière soit !

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L’éolien connaît un second souffle au Maroc. Eu égard à une capacité considérable, estimée à 25 000 mégawatts (MW), le royaume en a fait une priorité, au même titre que le solaire. Le Programme énergie éolienne prévoit de porter la puissance installée des quelque 300 MW actuels (à travers trois parcs) à 2 000 MW à l’aube de la prochaine décennie. Un premier appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’une tranche initiale de 150 MW à Taza est lancé fin 2010 par l’Office national de l’électricité (ONE). Un franc succès : près d’une trentaine de consortiums internationaux répondent présent. En février dernier, l’ONE effectue un tamisage préalable en sélectionnant sept prétendants à la victoire finale. Dans ce peloton de tête, le régional de l’étape se nomme Nareva, la filiale énergie du holding royal Omnium nord-africain (ONA). À ce stade sont également sur les rangs le japonais Mitsui, les allemands Enercon et Siemens, l’italien Enel, le français EDF et l’américain AES. Tous des poids lourds mondiaux de l’énergie ! Après un nouvel écrémage en octobre dernier, Enercon, Siemens et AES se désistent. Un revirement stratégique ? « Je n’en suis pas sûr pour les autres, mais Siemens a fait savoir qu’il préférait se retirer pour pouvoir travailler avec le futur lauréat en tant que fournisseur d’éoliennes », indique Mohammed El Khalfi, chef du projet Taza au sein de l’ONE.

Mitsui, Enercon, Siemens, Enel, EDF… Les poids lourds mondiaux s’intéressaient au projet de Taza

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Investisseur. Pour espérer l’emporter face aux trois autres concurrents en lice, Nareva a une nouvelle fois formé un ticket avec International Power, filiale du franco-belge GDF Suez, comme il l’a fait sur un appel d’offres antérieur au programme portant sur le futur parc de Tarfaya. « Nareva se positionne en développeur-investisseur et participe à l’exploitation et à la maintenance des centrales, explique Martin Videlaine, directeur du bureau casablancais du cabinet de conseil Roland Berger. En revanche, Nareva n’a pas les compétences pour les construire. » Le vainqueur devrait être connu à la mi-mars.

Joli coup pour Théolia. Candidat malheureux à l’appel d’offres de Taza, le français Theolia a déjà d’autres projets. Cet acteur « historique » de l’éolien au Maroc a réalisé un joli coup, à l’occasion des Assises de l’énergie organisées en mai à Oujda, en signant une convention de partenariat avec l’ONE. Concrètement, l’opération consistera en la rénovation et l’extension de capacité du parc éolien de Koudia Al Baida. Sa puissance sera ainsi portée de 50 à 300 MW. Dans le cadre de ce partenariat, Theolia et l’ONE s’uniront pour la réalisation des études et l’élaboration des appels d’offres (turbines, financements). Par ailleurs, l’ONE pourrait prendre une participation de 20 % dans la future société exploitant ce parc, dont les travaux devraient débuter cette année. Fady Khallouf, directeur général de Theolia, estime qu’« un certain nombre d’acteurs ont été surpris par cet accord, mais nous sommes les rares à être présents au Maroc depuis le début des années 2000. Et en plus de notre expertise, nous travaillons avec humilité et discrétion ». Commentaire de Marc Videlaine : « C’est l’illustration qu’au Maroc il est possible de discuter discrètement avec l’ONE et le ministère de l’Énergie pour les convaincre de réaliser un parc éolien en dehors des appels d’offres. Ce qui a fait grincer quelques dents… » Le marché marocain se montre résolument attractif : début janvier, l’ONE a lancé un nouvel appel d’offres pour quatre autres projets. La bataille ne fait que commencer.

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