Émigrer pour survivre : la dernière chance pour les rhinocéros braconnés ?

Pour éviter l’extinction des rhinocéros massacrés pour leurs cornes, des défenseurs des animaux ont opté pour une solution aussi radicale qu’onéreuse : les contraindre à émigrer. Quatre-vingt mammifères vont être transférés d’Afrique du Sud pour l’Australie, un havre de paix à l’abri du braconnage.

Des rhinocéros sans corne dans le Rhino Ranch de John Hume en Afrique du Sud, le 3 février 2016. © Mujahid Safodien/AFP

Des rhinocéros sans corne dans le Rhino Ranch de John Hume en Afrique du Sud, le 3 février 2016. © Mujahid Safodien/AFP

Publié le 14 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Ray Dearlove, un Sud-Africain de 68 ans installé en Australie, est à l’origine de ce projet ambitieux.

« Nous comptons déplacer 80 rhinocéros sur une période de quatre ans. Nous pensons que cela va permettre d’obtenir un élevage qui pourra se reproduire », explique à l’AFP cet ancien directeur commercial à la retraite, co-fondateur du « Projet rhinocéros en Australie ».

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Actuellement en Afrique du Sud, il prépare les détails techniques, et notamment le transport aérien de ces grands mammifères à 11.000 kilomètres de leur pays d’origine.

Six rhinocéros feront partie du premier voyage organisé d’ici la fin de l’année. « Il faut que cette première se passe bien. C’est compliqué et cher », reconnaît Ray Dearlove.

Un projet uniquement financé par des dons

Déplacer un rhinocéros vers l’Australie coûte 60.000 dollars australiens (39.000 euros) et le projet est uniquement financé par des dons de particuliers ou d’entreprises privées.

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Une fois la première opération menée avec succès, le Sud-Africain espère « accélérer le mouvement ».

Les rhinocéros sont tués pour leurs cornes, essentiellement composées de kératine, comme les ongles humains. La poudre qui en est issue est très populaire en Asie où on lui prête des vertus thérapeutiques qui n’ont jamais été scientifiquement prouvées.

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Un total de 1.338 rhinocéros, selon l’Union internationale pour la protection de la nature (IUCN), ont été massacrés en 2015 sur l’ensemble du continent africain, un record depuis 2008 et le début de la vague de braconnage.

La plupart ont été tués en Afrique du Sud qui abrite 80% de la population mondiale, et notamment dans le parc Kruger, frontalier du Mozambique.

Quarantaine

Les autorités sud-africaines et australiennes ont imposé des critères très stricts et contraignants à Ray Dearlove.

Les rhinocéros déplacés devront être mis en quarantaine à deux reprises: une première fois en Afrique du Sud pendant les deux mois précédant leur départ en avion cargo pour l’Australie ; une seconde fois à Sydney dans un zoo, avant d’être transférés dans un parc.

Ray Dearlove refuse pour l’instant de dévoiler, pour des raisons de sécurité, le nom de ce parc. Mais il est accessible aux safaris, précise-t-il.

Sans braconnage il n’y aurait pas besoin d’un tel projet.

Certains défenseurs des animaux voient dans le déplacement de rhinocéros un outil efficace pour les protéger, alors que certains commencent à être à court d’idées pour les sauver.

« Nous avons déjà commencé le déplacement d’animaux. Plus de 100 rhinocéros en moins d’un an et demi ont été emmenés dans des parcs nationaux ou des réserves privées au Botswana », affirme à l’AFP la ministre sud-africaine de l’Environnement, Edna Molewa.

Pour l’ONG « Rhinos sans frontières », partenaire de ce programme, le Botswana et ses parcs, plus difficiles à pénétrer pour les braconniers, sont une destination plus sûre pour les mammifères.

Les autorités du Botswana « ont une stratégie anti-braconnage organisée et très dure. Les forces de défense anti-braconnage ont le feu vert pour abattre les braconniers armés qu’ils rencontrent dans les parcs », estime Les Carlisle, le directeur du projet de l’ONG.

Les animaux déplacés au Botswana ont également été équipés de transmetteurs GPS dans leurs cornes afin d’être facilement suivis.

« Je suis triste que nous en arrivions là, soupire Ray Dearlove. Sans braconnage il n’y aurait pas besoin d’un tel projet. »

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