Maroc – Photographie : « Colors of Gnaoua », le nouveau projet décalé et engagé de Hassan Hajjaj

Le festival gnaoua et musiques du monde à Essaouira a été l’occasion pour le célèbre photographe Hassan Hajjaj et son ami maâlem Marouane Lbahja de présenter des photos inédites des gardiens de l’histoire et du patrimoine gnaoui.

« Colors of Gnawa », par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

« Colors of Gnawa », par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

Publié le 20 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Inaugurée le 13 mai à Dar Loubane, à Essaouira, l’exposition « Colors of Gnaoua » vise avant tout à préserver et transmettre cette culture ancestrale, alors que les maâlems (maîtres chez les gnaouas, descendants des esclaves venus d’Afrique de l’ouest) les plus âgés s’éteignent petit à petit, souvent dans l’ombre et la précarité. Plus qu’un simple travail artistique, les deux amis espèrent ainsi améliorer les conditions de vie de la confrérie et laisser une trace aux générations à venir.

Des œuvres, mais surtout un travail de documentation

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Ce projet, qui a nécessité plusieurs mois de recherches, est le fruit d’une longue amitié, fraternité et collaboration entre un artiste et un gnaoui qui n’est « peut-être pas allé à l’école » mais qui se donne corps et âme pour partager et protéger la richesse culturelle et artistique des siens, en transmettant ce qu’il a appris.

Après avoir sillonné le Maroc à la rencontre de maâlems de tous âges, Marouane Lbahja propose à Hassan Hajjaj de les immortaliser en mettant en lumière leur rapport singulier aux couleurs. Connu pour ses œuvres flashy et décalées, le photographe marocain, installé au Royaume-Uni, ne s’est pas fait prier pour rendre hommage à ces artistes qui ont bercé son enfance. Étant eux-mêmes des artistes, les maâlems ont l’habitude de monter sur scène, de prendre la pause, explique-t-il, rappelant que ce sont eux les vraies stars du projet. « Nous aimerions qu’ils aient plus de droits et que l’on se souvienne d’eux pour longtemps. Si nous nous sommes concentrés sur les gnaouas les plus âgés, c’est que certains sont déjà morts depuis le début de la séance photo… »

Hassan Hajjaj, Marouane Lbahja et un des maâlems à Dar Loubane, Essaouira. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

Hassan Hajjaj, Marouane Lbahja et un des maâlems à Dar Loubane, Essaouira. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

Un S.O.S artistique

Les photos ont été présentées pour la première fois au public durant le festival gnaoua, afin que les principaux concernés puissent être présents. Mais « ce n’est que le début ». Beaucoup ne peuvent plus se déplacer, ne possèdent pas d’assurance maladie, tombent malade, ont besoin d’un dentier ou de lunettes… C’est pour leur venir en aide que Hassan Hajjaj et Marouane Lbahja aimeraient aussi collecter des fonds, durant la prochaine édition du festival par exemple, ne serait-ce que pour pouvoir soigner quelques personnes par an.

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« Un arbre, si on ne l’arrose pas, perdra ses fruits. L’idée de ce projet est de mieux s’occuper de notre arbre pour avoir de nouveaux fruits chaque année », explique joliment et avec beaucoup d’émotion Marouane Lbahja. Car pour lui, qui s’occupe des plus âgés au quotidien, qui les aide dans leur toilette, qui leur prépare leurs repas, qui les réconcilie quand ils se disputent, l’idée de leur disparition est très pénible à vivre. D’autant plus que s’il devait additionner l’âge des maâlems les plus âgés avec qui il travaille, le total atteindrait les 700 ou 800 ans !

À la fin de l’exposition le 16 mai, chaque maâlem a pu récupérer son propre portrait géant, des portraits à la fois amusants et poignants qui devraient bientôt être exposés ailleurs, « inch’allah ».

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

"Colors of Gnawa", par Hassan Hajjaj. © Rebecca Chaouch / Jeune Afrique

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