Alternances démocratiques en Afrique : qu’est devenu votre ancien président ?

À quand remonte la dernière alternance démocratique dans votre pays et qu’est devenu votre dernier chef d’État dont la succession s’est déroulée de manière pacifique ? De l’Algérien Liamine Zéroual en 1999 au Béninois Yayi Boni en 2016, zoom sur ces présidents qui ne se sont pas accrochés au pouvoir.

Le Béninois Boni Yayi ne s’est pas représenté au terme de son second mandat présidentiel. © Loic Venance/AP/SIPA

Le Béninois Boni Yayi ne s’est pas représenté au terme de son second mandat présidentiel. © Loic Venance/AP/SIPA

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Publié le 1 juin 2016 Lecture : 4 minutes.

Contrairement aux apparences, l’alternance démocratique en Afrique, ça fonctionne… Certes pas tout le temps – c’est un euphémisme -, mais sans doute plus souvent que ce que certains pessimistes veulent bien croire.

Dans plusieurs pays où les élections ne sont pas systématiquement problématiques, des chefs d’État ont su se retirer ces dernières années sans faire de vagues, à l’issue de leur dernier mandat constitutionnel ou après une défaite électorale. Quand ils ne sont pas tout simplement morts de leur belle mort, sans que cela ne donne lieu à une transition douteuse ou violente.

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De l’Algérie à l’Afrique du Sud, en passant par le Sénégal et le Mozambique, le continent compte aujourd’hui 22 anciens présidents – 18 encore en vie – dont les successeurs aujourd’hui en exercice sont parvenus démocratiquement au pouvoir.

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La vie après la présidence de la République

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Il en résulte que plusieurs anciens chefs d’État sont tentés de rester dans le jeu politique de leur pays à la fin de leur mandat. Huit sur les 22 derniers ex-présidents qui ne se sont pas accrochés au pouvoir ont suivi ce chemin.

C’est le cas notamment de Moncef Marzouki qui a lancé à la fin de décembre 2015, une année après sa défaite électorale, un nouveau parti politique, non sans balayer toute volonté de « revanche » de sa part. L’ex-président tunisien assure d’ailleurs vouloir retourner prochainement travailler dans le domaine culturel et associatif, sa « vocation » initiale.

Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal de retour à Dakar. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal de retour à Dakar. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Il en est de même également du Sénégal où Abdoulaye Wade, 90 ans, s’est mué en opposant radical du président Macky Sall, qu’il considère comme un dictateur – voire pire. En Afrique du Sud, Kgalema Motlanthe lui, après avoir été remplacé en 2009 par Jacob Zuma à la tête du pays, avait tenté en vain de reprendre la tête du Congrès national africain (ANC) en 2012 face à son successeur. Au Burundi, l’ex-président Domitien Ndayizeye, candidat malheureux à la présidentielle de 2010 et de 2015, a lui choisi de ne plus siéger au Sénat pour protester contre la réélection controversée de Pierre Nkurunziza.

D’autres récents ex-présidents aspirent plutôt à des fonctions supranationales au sein des organisations régionales ou internationales. Après avoir été ponctuellement chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA) pour la présidentielle du 24 avril en Guinée équatoriale, le Béninois Boni Yayi s’est retiré dans son fief de Tchaourou, dans la partie nord du pays, à quelques 20 kilomètres de la frontière du Nigeria. En attendant un éventuel poste au sein du système onusien, dit-on dans le milieu diplomatique africain. En visite privée à Brazzaville, l’ex-président béninois, accompagné de sa fille Rachelle Yayi Paraiso (qui fut l’une de ses proches conseillères), était reçu, dans la semaine du 23 mai, par le chef de l’État congolais Denis Sassou Nguesso.

Trois anciens présidents ont mis en place des fondations qui se penchent sur des questions de bonne gouvernance et de représentativité

Après deux mandats passés à la tête de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, lui, officie comme envoyé spécial de l’UA en Libye. Idem pour le Botswanais Festus Mogae, lauréat du prix Mo Ibrahim de la bonne gouvernance en 2008, chargé par l’organisation panafricaine de diriger la Commission conjointe de surveillance et d’évaluation de l’accord de paix au Soudan du Sud (JMEC), signé le 29 août 2015 entre le président sud-soudanais Salva Kiir et l’ancien chef rebelle Riek Machal.

Parmi les 22 anciens chefs d’État africains qui viennent de passer démocratiquement le flambeau, quelques-uns (3) ont mis en place des fondations qui se penchent sur des questions de bonne gouvernance, de préparation des jeunes à diriger et de représentativité – ce qui comprend aussi le problème de la parité entre hommes et femmes. C’est le cas notamment de deux lauréats du prix Mo Ibrahim, le Cap-Verdien Pedro Pires (2008) et le Namibien Hifikepunye Pohamba (2015).

Dans le collimateur de la justice

Si la plupart de ces ex-présidents africains entament plutôt sereinement leur nouvelle vie, d’autres risquent en revanche de se retrouver dans le collimateur de la justice de leur pays. Le nom du Mozambicain Armando Guebuza par exemple est cité ces derniers mois dans une affaire de dettes publiques cachées aux institutions financières internationales dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale (FMI).

Au Nigeria, des rumeurs persistantes au sujet d’une éventuelle arrestation de Goodluck Jonathan courent depuis les révélations des massives malversations financières ayant eu lieu sous son régime. Plusieurs proches de l’ancien président ont été interpellés ces dernières semaines. Mais depuis la Côte d’Ivoire où il se « repose », après un court séjour aux États-Unis, Goodluck Jonathan assure qu’il n’est pas parti en exil et qu’il regagnera bientôt le Nigeria.

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