Sénégal : Haïdar El Ali sonne l’alerte sur le pillage des forêts de la Casamance

Un drone a pris des images sur le village gambien de Saré-Bodjo, près de la frontière sénégalaise, une des principales plaques tournantes du trafic illégal du bois de vène en provenance de la forêt de la Casamance, dans le sud du pays. Le militant écologiste sénégalais Haïdar El Ali les a divulguées jeudi en conférence de presse à Dakar.

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Publié le 27 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

« Si rien n’est fait d’ici deux ans, la région naturelle de Casamance risque de devenir un désert ». C’est l’alerte choc (et excessive) lancée par Haïdar El Ali, militant écologiste et ancien ministre sénégalais de l’Environnement.

La vidéo de l’équipe d’Oceanium – un centre de plongée et de protection de l’environnement dirigé par Haidar – tournée à l’aide d’un drone, a révélé l’existence sur le territoire gambien d’un des principaux lieux de stockage du trafic illégal du bois de vène coupé de l’autre côté de la frontière, en Haute Casamance, dans la région administrative de Kolda, dans le sud.

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L’essentiel du bois provient de la commune de Médina Yoro Foula, près la frontière gambienne.

Le trafic aurait démarré depuis 2010.

Le village gambien de Saré-Bodjo situé à un kilomètre de la frontière sénégalaise, est la plaque tournante de ce pillage, estime le militant sénégalais. Mais quatre autres lieux de stockage ont été identifiés, selon Haïdar El Ali.

Le drone a filmé à 50 mètres d’altitude des milliers de troncs d’arbre alignés, en attente de chargement dans des camions gros-porteurs. D’autres camions lourdement chargés et recouverts de bâches afin de dissimuler leurs cargaisons sont montrés faisant route pour la capitale la capitale gambienne, Banjul, où des opérateurs chinois les achèteront. Selon le dirigeant d’Oceanium, le vène (pterocarpus erinaceus), un bois précieux, va servir à la fabrication de meubles de luxe destinés aux nouvelles élites chinoises.

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Opérations conjointes

D’après l’ex-ministre de Macky Sall, la Gambie ferme les yeux sur ce trafic juteux. « Le Sénégal a perdu plus d’un million d’arbres depuis 2010 et la Gambie a réussi à empocher près de 140 milliards de F CFA [213 millions d’euros]», révèle le militant écologiste qui déplore, dans la foulée, le fait que « le gouvernement ne mette pas assez de moyens pour surveiller le Médina Yoro-Foula. Les Chinois installés en Gambie pillent et souillent notre pays en installant tranquillement le désert ».

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Interrogés par Jeune Afrique, les services du ministère sénégalais de l’Environnement, reconnaissent l’existence d’un tel trafic mais assurent que l’État sénégalais est en train de le combattre.

« Depuis l’année dernière, les effectifs des [agents des] eaux et forêts ont été renforcés de 400 hommes et des opérations conjointes armée-gendarmerie- douanes, se multiplient dans la zone, explique Ibrahima Fall, chargé de la Communication au sein du ministère ».

Sur le plan réglementaire, même si le bois de vène bénéficie dans le Code forestier sénégalais d’une protection et que son exportation est interdite depuis 1998, « l’État sénégalais est parvenu il y a quelques mois, ajoute Ibrahima Fall, à faire inscrire son trafic dans l’Annexe 2 de la Convention des Nations-Unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ». Cette liste comprend les espèces animales et végétales dites « vulnérables ».

Reste à savoir si ces instruments réglementaires contribueront à stopper ce pillage.

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