France : sans papiers, le Camerounais Stéphane Tiki quitte la direction des jeunes de l’UMP
Président des Jeunes populaires de l’UMP depuis décembre 2014, le Camerounais Stéphane Tiki a démissionné mardi de son poste. Un article du « Canard enchaîné » révèle que ce militant de la Droite forte est sans-papiers et dans l’attente d’une demande de naturalisation.
Mis à jour à 16h31.
C’est l’un des paradoxes dont l’Union pour un mouvement populaire (UMP) a le secret. Le Camerounais Stéphane Tiki, président des Jeunes populaires de l’UMP depuis décembre 2014, a annoncé mardi 10 décembre qu’il se mettait "en congé" de ses fonctions au sein du parti de Nicolas Sarkozy. La raison ? Il est affecté par une polémique de taille après l’annonce de la publication d’un article du Canard enchaîné révélant qu’il est en situation irrégulière, ce mercredi.
L’hebdomadaire satirique assure que Stéphane Tiki vit depuis dix ans sans papiers sur le territoire français. Ce que l’intéressé dément sur Facebook. "Je vis en France, j’ai étudié au lycée Français et en France, je travaille en France. Je respecte les institutions et surtout j’aime profondément la France ! (…) Ce que je peux lire dans la presse sur la situation me concernant est inexact et mensonger", assure-t-il, dénonçant une "polémique infamante".
On le comprend. Car Stéphane Tiki appartient au courant de la Droite forte, qui lutte âprement contre l’immigration clandestine, n’hésitant pas à recourir à des propos ouvertement xénophobes pour concurrencer l’extrême droite sur ce terrain très démagogique. Tiki a notamment milité contre le droit de vote des étrangers, en appelant à signer une pétition sur le sujet.
Demande de naturalisation
Si Stéphane Tiki, en tant qu’étranger, ne peut pas prétendre à des fonctions électives, il peut en revanche très bien être président des Jeunes Populaires. Pourquoi donc démissione-t-il ? Le jeune homme de 27 ans ne s’explique pas précisément sur ce point mais assure toutefois avoir fait une demande de naturalisation, qui est en cours. Au vu de la mauvaise publicité faite à l’UMP par sa situation, son avenir politique semble toutefois compromis.
Cité par lefigaro.fr, l’ex-ministre UMP Thierry Mariani tombe des nues. "J’ose espérer que c’est une mauvaise blague. Je ne comprends pas qu’il ne soit pas français. C’est la moindre des choses pour être à la tête des Jeunes UMP", fulmine-t-il, se disant "sans voix".
Tout mon soutien (pour une fois) à @stephanetiki qui, comme les autres citoyens sans papiers vivant ici, mérite d’être régularisé 2/2
— Ian Brossat (@IanBrossat) February 10, 2015
Comble de l’ironie, Stéphane Tiki pourra trouver du réconfort… à l’autre bout de l’échiquier politique. Sur Twitter, des élus de gauche expriment leur soutien au Camerounais. Comme Ian Brossat, adjoint PCF à la maire de Paris. "Tout mon soutien (pour une fois) à Stéphane Tiki qui, comme les autres citoyens sans-papiers vivant ici, mérite d’être régularisé", dit-il. La présidente des Jeunes socialistes (MJS), Laura Slimani, se permet quant à elle une pointe d’ironie : "Dites à Stéphane Tiki qu’il peut compter sur les Jeunes socialistes pour se battre pour sa régularisation", écrit-elle sur le site de microblogging, avant de lancer le hashtag #RégularisezStephaneTiki. Pas sûr que celui-ci connaisse un franc succès.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Gabon, bars et discothèques peinent encore à passer la nuit
- Photographie : 1904, l’horreur de la colonisation du Congo dans l’objectif de la missionnaire Alice Seeley Harris
- Au Cameroun, Paul Biya proroge le mandat des députés et conseillers municipaux
- « Ma mère me dit : “Quitte ce pays de racistes” », les Africains de France face à la montée du RN
- Achille Mbembe : « En France, la parole raciste a cessé d’être considérée comme scandaleuse »