Armement : quels sont les pays africains en vue au salon Eurosatory ?

Le ministre de la Défense français a reçu lundi 13 juin à l’hôtel de Brienne les représentants de plusieurs gouvernements venus passer commande d’armements à l’occasion de la deuxième édition du salon Eurosatory (13-17 juin), premier au monde dans les domaines terrestre et aéro-terrestre. Parmi les États africains les plus en vue se trouvaient l’Égypte et la Côte d’Ivoire.

Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense. © Bruno Lévy pour J.A.

Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense. © Bruno Lévy pour J.A.

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 14 juin 2016 Lecture : 4 minutes.

Déclinant des palettes de verts et de bleus, à liserés rouges, blancs ou dorés, festonnés  de fourragères et piqués de décorations, des bouquets d’uniformes  de toutes les nations ont égayé, ce 13 juin, la pelouse de l’hôtel de Brienne, siège aristocratique du ministère français de la Défense. Pour la deuxième fois,  son locataire Jean-Yves Le Drian y donnait un cocktail à l’occasion de l’ouverture du salon Eurosatory, le premier au monde dans le domaine de l’armement terrestre et aéro-terrestre, qui accueille cette année, du 13 au 17 juin dans le nord de Paris, 57 000 visiteurs de plus de 130 pays différents.

L’année 2015 a connu près de 17 milliards d’euros de commande, plus de deux fois le chiffre de 2014 qui lui-même était un record historique »

« Cette 13ème édition est particulière. Elle s’inscrit, nous en avons tous conscience, dans un contexte sécuritaire de grande tension, sur notre territoire national comme dans différentes régions du monde où nos forces sont engagées, dans un contexte de militarisation de la menace terroriste et d’intensification de cette menace», souligne d’emblée Jean-Yves Le Drian qui, en palabres confidentiels avec des homologues et potentiels clients, a fait patienter ses hôtes plus d’une heure. Un contexte qui semble profiter à la France, même si le ministre attribue le succès de ses exportations à l’excellence industrielle et à la qualité de l’offre hexagonale : « l’année 2015 a connu près de 17 milliards d’euros de commande, plus de deux fois le chiffre de 2014 qui lui-même était un record historique ». Une explosion des ventes en-deçà même de celle du marché de l’armement, les exportations françaises ayant vu leur part mondiale reculer de 9,8% entre les périodes 2006-2010 et 2011-2015, selon l’étude sectorielle publiée en février par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

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L’Égypte, gros client de l’année 2015

En guerre déclarée contre le terrorisme sur son propre sol, l’Égypte a été un client très apprécié en 2015 pour avoir acquis 24 Rafales, deux portes-hélicoptères Mistral et une Frégate européenne multimission (FREMM). Une demi-douzaine d’uniformes frappés de l’aigle de la République arabe d’Égypte entoure un vice-ministre de la Défense qui a fait le déplacement du Caire : de nouvelles emplettes en vue ? Peu disert, un officier français qui les accompagne n’évoque que l’entretien des excellentes relations bilatérales.

Niveau communication, l’affaire est délicate : le même jour, des militants déversaient de la peinture rouge sang sur des chars Leclerc au salon Eurosatory que l’ONG Amnesty international qualifiait de « vitrine de la répression mondiale », soulignant : « engagés dans de nombreux conflits ou situations de répression interne, des pays comme la Russie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis prospectent sous l’œil des médias. »

Le Moyen-Orient

Autre gros client de la France et guerroyeur au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite semble mécontenter deux industriels qui pestent sur d’insolubles retards de paiements et c’est sans doute pour tenter de trouver le moyen de palier la décision prise en février par Riyad de ne pas livrer à Beyrouth pour 3 milliards de dollars d’armes françaises achetées pour l’armée libanaise que deux généraux aux écussons frappés du cèdre assaillent le ministre français à sa descente de l’estrade.

Le retour de la Côte d’Ivoire sur le marché de l’armement

Plus réjoui, le ministre ivoirien de la Défense parade entre gradés et vendeurs d’armes : fin avril, les Nations unies ont levé l’embargo qui touchait le pays depuis douze ans. Son gouvernement vient-il faire son grand marché ?

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« Nous venons plutôt prendre des contacts avec les industriels, tempère un conseiller. Le ministre aujourd’hui s’est notamment arrêté au stand de Nexter pour s’intéresser au blindé rapide et multirôle Titus. C’est le type d’engin dont nous avons besoin pour lutter contre la menace terroriste, celle de Boko Haram au sud mais aussi celle d’Al Qaïda qui progresse au nord, comme nous devons opposer à la piraterie maritime du Golfe de Guinée des petits vedettes plutôt que de gros patrouilleurs. »

La nature des menaces sur le continent lui dicte en effet d’importer davantage d’armes légères que d’équipements lourds et sophistiqués, au regret d’un responsable des études économiques du GICAT, le groupement d’industriels français qui organise Eurosatory, soulignant que la meilleure valeur ajoutée de la France vient de ses armes de pointe, avions, navires ou systèmes complexes de surveillance.

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Des armes de pointe en manque d’acheteurs sur le continent

Avec l’Égypte, le Maroc est un des rares clients africains pour ce type d’armement, comme les deux satellites espions Pléiades vendus à Rabat par Thales et Airbus en 2013. Le royaume chérifien était d’ailleurs le premier client de la France sur la période 2011-2015, absorbant 16% de ses exportations alors qu’il est engagé dans une course à l’armement avec son voisin algérien. Ce dernier a davantage le goût des armes russes : « les Algériens ont encore l’histoire en travers de la gorge, ils considèrent qu’on leur doit tout et qu’on doit tout leur donner. Mais on n’est pas là pour faire des cadeaux ! », commente un officier français de l’armée de terre, sirotant une flûte de champagne sous les regards de pierre de Flore et Zéphyr qui s’ébattent au fronton du palais républicain, loin des théâtres où s’exprime le génie français des armes.

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