Rwanda : les réfugiés bénéfiques à l’économie de leur pays d’accueil

Des chercheurs se sont penchés sur trois camps de réfugiés au Rwanda pour déterminer leur impact sur l’économie locale. Il ressort de leur rapport, publié fin juin par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), que les occupants de ces camps peuvent être bénéfiques aux pays qui les accueillent.

Des réfugiés burundais au Rwanda, en avril 2015. © Edmund Kagire / AP / SIPA

Des réfugiés burundais au Rwanda, en avril 2015. © Edmund Kagire / AP / SIPA

Publié le 30 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

En 2015, le nombre de déplacés et de réfugiés dans le monde a atteint le niveau record de 65,3 millions de personnes. Quelle pression ces déplacements forcés exercent-ils sur l’économie des pays hôtes ? Si l’impact des réfugiés sur l’économie de leur pays d’accueil fait l’objet de nombreux débats, peu d’études y ont été consacrées. C’est sur cette question que s’est penchée une équipe de chercheurs de l’Université de Californie à Davis, en menant une étude dans les trois camps de réfugiés congolais de Kigeme, Gihembe et Nyabiheke, au Rwanda.

Durant l’été 2015, les chercheurs ont mesuré l’impact des réfugiés bénéficiant de l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) sur les économies des communautés hôtes à proximité des camps. D’après leurs observations, les réfugiés représentent une source de revenus pour les populations locales.

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Une accélération du commerce local

Dans deux des trois camps étudiés, Gihembe et Nyabiheke, chaque réfugié recevait une assistance alimentaire en espèces d’un montant total de 120 et 126 dollars par an respectivement.

L’étude révèle que chaque réfugié apporte respectivement 205 et 253 dollars supplémentaires à l’économie locale (dans un rayon de 10 km) par année. Pour les communautés vivant à proximité des camps, cela signifie que chaque réfugié crée une augmentation de 63 % et 96 % du revenu moyen des ménages dans les localités voisines.

Ces revenus, bien plus élevés que le montant de l’aide initialement fournie, sont générés par les réfugiés qui effectuent des achats en dehors du camp, dans les commerces voisins.

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Mais la zone de proximité n’est pas la seule à bénéficier de la consommation des réfugiés : le rapport indique que ces revenus supplémentaires se diffusent à l’économie rwandaise tout entière, grâce à la multiplication des échanges commerciaux entre les zones voisines des camps et le reste du pays.

L’aide alimentaire en vivres moins bénéfique que l’assistance en espèces

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Dans le troisième camp, Kigeme, où les habitants reçoivent 113 dollars par an en aide alimentaire (en nourriture et non en espèces), les réfugiés ont également un effet positif sur la communauté locale.

Dans ce cas, les revenus sont générés par les réfugiés qui décident de réserver une part de leur ration alimentaire mensuelle pour la revendre sur les marchés locaux.

Néanmoins, l’impact positif des réfugiés recevant de l’aide alimentaire en vivres est bien moins important que celui des réfugiés bénéficiant d’assistance en espèce. L’argent mis à leur disposition leur donne en effet un plus grand choix dans leurs dépenses et un pouvoir d’achat plus important.

Ainsi, au Rwanda comme dans d’autres pays d’accueil, le PAM opte de plus en plus pour l’assistance en espèces pour compléter l’aide alimentaire traditionnelle. Cette aide se fait sous forme d’argent liquide, de paiements par SMS ou encore de bons alimentaires. Ces moyens de transferts innovants permettent d’apporter une plus grande autonomie aux populations réfugiées dans les camps, selon le rapport.

L’impact économique des réfugiés dépend des lois du pays d’accueil

L’impact économique des réfugiés sur l’économie locale du pays hôte dépend largement des lois qui régulent leur intégration avec les communautés d’accueil. Au Rwanda, les réfugiés sont libres de circuler dans le reste du pays et d’interagir avec l’économie locale. Dans ce cas en particulier, l’intégration des réfugiés congolais est facilitée par le fait qu’il parlent le Kinyarwanda, langue nationale au Rwanda.

Cette étude vient tordre le cou à l’idée selon laquelle les réfugiés représenteraient nécessairement un fardeau pour leur communauté d’accueil. La recherche dans le domaine en est à ses débuts, mais son développement pourrait permettre de mieux saisir l’étendue de l’impact économique de la présence de réfugiés au sein d’une communauté, voire à l’échelle d’un pays.

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