Océan indien : de la Commission à la Communauté

L’histoire nous réserve parfois bien des surprises.

Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien, Paris le 19 mai 2014. © Vincent FOURNIER/JA

Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien, Paris le 19 mai 2014. © Vincent FOURNIER/JA

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Publié le 15 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

L’île de North-Island, dans l’archipel des Seychelles. © AP / SIPA
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Océan indien : destins communs

Malgré leur volonté d’avancer ensemble, les pays membres de la Commission de l’Océan indien (COI) sont confrontés à de nombreux contentieux frontaliers qui empoisonnent leurs relations.

Sommaire

Lorsque, jeune ministre des Affaires étrangères de Maurice, j’ai cofondé la Commission de l’océan Indien (COI) avec mes homologues de Madagascar et des Seychelles, je ne pensais pas que j’en prendrais un jour les rênes. Trente ans plus tard, la seule organisation régionale insulaire d’Afrique est reconnue sur l’échiquier international et porteuse d’espoir pour les peuples du sud-ouest de l’océan Indien.

Lors de mon investiture, j’avais dit ma volonté d’utiliser le mot juste, « Indianocéanie », pour désigner et promouvoir notre région. Largement utilisé par les écrivains et les universitaires, par les journalistes et les décideurs, il l’est également de plus en plus par les citoyens de nos pays.

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Ce mot, loin de nous cantonner à notre seule géographie, raconte nos filiations entremêlées, nos histoires imbriquées, nos cultures métissées qui plongent leurs racines en Afrique, en Inde, en Chine, en Europe, en Orient. Il porte notre identité comme nos ambitions. J’ai donc cherché, à la tête de la COI, à donner corps à cette idée.

Le premier chantier a été celui de la connectivité. Entre les îles elles-mêmes et avec le vaste monde, pour assurer l’insertion de nos économies dans la mondialisation des échanges et gagner en compétitivité. La COI a réussi le pari de mettre autour d’une même table les transporteurs aériens de tous ses pays membres pour créer l’Alliance Vanille en septembre 2015.

Indiaocéanie : un mot qui raconte nos filiations entremêlées, nos histoires imbriquées, nos cultures métissées

La connectivité, c’est aussi le numérique, qui abolit les frontières, crée de nouvelles opportunités économiques et donne accès à la connaissance. Excentrée, notre région est au bord de la fracture numérique. La COI travaille, avec le secteur privé et le soutien de l’Union européenne, à la mise en place d’un troisième câble à très haut débit, baptisé Metiss, pour MElting poT Indianoceanic Submarine System.

La sécurité alimentaire est une autre priorité. Madagascar a le potentiel pour être le « grenier de l’Indianocéanie ». La COI a élaboré, avec le concours de la FAO, un ambitieux programme de sécurité alimentaire et nutritionnelle pour améliorer la production agricole régionale. Notre premier objectif est de regagner notre souveraineté alimentaire et d’éradiquer la faim. Et c’est tout à fait réalisable !

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Dans le même temps, nous serons en mesure de dynamiser le commerce régional et de consolider des filières agricoles génératrices d’emplois et de revenus.

Voilà quelques-uns des chantiers structurants de la COI, qui travaille, avec l’appui de ses partenaires, sur de nombreux projets, couvrant un large éventail de secteurs : santé publique, lutte contre la pêche illégale, gestion des ressources naturelles et des écosystèmes côtiers, sûreté et sécurité maritime, entrepreneuriat et employabilité des jeunes, énergies renouvelables… Tous ces dossiers contribuent à l’émergence d’une Indianocéanie de croissance durable.

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Notre futur reste, cela dit, encore incertain. Les effets du changement climatique sont visibles, parfois durement ressentis, dans nos îles. Le climat est le défi immédiat que nous devons relever, sur la base des engagements pris à la COP21. Dans ce sens, la COI porte la voix des petits États insulaires en développement (PEID) de l’Afrique et du Grand Océan Indien. Elle milite pour un traitement différencié en faveur des PEID.

La COI possède une expertise reconnue en matière environnementale. Elle a démontré sa valeur ajoutée sur le plan politique, sa capacité à mobiliser les moyens et à conduire d’ambitieux chantiers. Elle est même sortie de son périmètre premier à travers ses projets lancés en Afrique orientale et en Afrique australe. Elle est attractive, crédible et utile.

Aujourd’hui, l’Indianocéanie forme une authentique communauté d’esprit et de destin. Je rêve encore d’un glissement sémantique symbole d’une Indianocéanie assumée : de la Commission à la Communauté de l’océan Indien. Le mot juste.

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