Le royaume aux petits soins des Marocains résidents à l’étranger

Chaque été, plus de deux millions de Marocains résidents à l’étranger rentrent au pays. Objet d’une attention royale, ils ne peuvent cependant pas participer à la vie politique de leur pays.

Un ferry entrant au port de Tanger en 2007. © AP Photo/Armando Franca

Un ferry entrant au port de Tanger en 2007. © AP Photo/Armando Franca

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 8 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

C’est la saison des Marocains résidant à l’étranger (MRE) !  Fin juin, ils étaient plus de 292 000 à regagner le royaume depuis le début de l’opération d’accueil Marhaba (Bienvenue), organisée chaque année par la Fondation Mohammed V pour la solidarité, une ONG créée par le roi du Maroc au tout début de son règne. Ayant une dizaine de points d’accueil en Europe et au Maroc, elle organise les flux des retours, prodiguant assistance sociale et soins de base.

Asseoir une politique d’influence à l’international

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Deux millions de Marocains rentrent au pays chaque saison estivale, essentiellement en provenance de l’Europe. Le royaume veut faciliter leur transit pour qu’ils gardent de bonnes relations avec leur pays d’origine et l’aident ainsi à asseoir sa nouvelle politique d’influence à l’international.

Dans les consulats marocains à l’étranger, c’est le grand ménage pour mieux les servir. Depuis que le roi a reçu des plaintes de la part de certains MRE se disant victimes de mauvais traitements et de lourdeurs administratives dans les consulats dont ils relèvent, il a haussé le ton. Sanctions disciplinaires, rajeunissement du personnel consulaire, modernisation des procédures administratives… : une nouvelle politique de proximité a été initiée dans les représentations du Maroc à l’étranger en février

Une manne financière

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L’importance accordée par le Maroc à ses MRE ne répond pas uniquement à l’envie de préserver leur identité. Avec 61 milliards de dirhams envoyés chaque année au pays, ils représentent une des premières sources de devises du royaume à côté des recettes touristiques et des exportations du phosphate. Ce qui correspond à 7% du PIB. Même s’ils ont piqué du nez en 2009 à cause de la crise financière en Europe, leurs transferts ont tendance à augmenter grâce à la contribution, de plus en plus remarquée, des Marocains résidant dans les pays du Golfe.

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Surfant sur cette manne, les promoteurs immobiliers, les banques et les sociétés de crédit à la consommation multiplient les campagnes de charme à leur égard. « L’image du Marocain de première génération qui achète une maison et un café pour assurer sa retraite au pays a tendance à s’éclipser. Aujourd’hui, les MRE optent pour l’investissement productif », souligne Anis Birou, ministre chargé des MRE et des Affaires de la migration. Pour les capter, son département a mis en place différents services dont une subvention étatique, le Fonds MDM-invest, qui couvre 10% du montant leurs projets d’investissement réalisés au Maroc. Quatre secteurs bénéficient de cet appui : l’industrie et les services qui y sont liés, l’éducation, l’hôtellerie et la santé.

Mais ils n’ont pas le droit de voter

Seul sujet qui fâche : les MRE ne participent pas à la vie politique nationale. Même si la Constitution de 2011 dispose qu’ils jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit d’être électeurs et éligibles, cette clause n’est pas traduite dans la réalité. Ils ne peuvent pas voter à partir de leurs pays d’accueil comme les Tunisiens par exemple- sauf par le biais d’une procuration- ou se porter candidat. Les autorités marocaines évoquent un souci logistique car il faudra, selon elles, équiper les consulats et les ambassades en matériel, créer des circonscriptions électorales à l’étranger, déterminer la superficie de chacune, calculer le nombre de sièges à leur consacrer…

Bref, le vœux constitutionnel attendra des jours meilleurs. Il n’y a pas encore de volonté politique pour l’exaucer.

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