Start-up : à la découverte de la « TechAfrique », de Dakar à Nairobi

Chaque semaine « Jeune Afrique » met en lumière une start-up africaine à la pointe de l’innovation. Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Samir Abdelkrim. Ce touche-à-tout technophile et blogueur, a sillonné une vingtaine de carrefours africains de l’entrepreneuriat. Une expérience qu’il veut partager dans un livre à paraître. Interview.

Samir Abdelkrim, ici avec plusieurs entrepreneurs ghanéens hébergés par l’incubateur MEST. © DR

Samir Abdelkrim, ici avec plusieurs entrepreneurs ghanéens hébergés par l’incubateur MEST. © DR

Publié le 28 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Samir Abdelkrim, Franco-Algérien de 35 ans, est un ancien expert auprès de la Commission européenne où il travaillait pour la promotion des investissements européens au Maghreb. En 2013, il crée Start-upBRICS, un blog en français dédié à l’actualité des technologies et des start-up dans les pays émergents. Ce qui lui donne ensuite l’idée d’un tour des places fortes de l’innovation africaine (incubateurs, centres dédiés à l’innovation).

Une expérience forte d’un an et demi dont il veut compiler les exemples dans un livre. Startup Lions ambitionne de donner les clés de la création d’entreprises et de l’innovation à l’africaine. Un ouvrage dont Samir Abdelkrim vient de faire financer l’édition via une campagne de financement participatif close le 9 juillet. Celle-ci a vu 341 donateurs apporter 15 792 euros.

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Le livre paraîtra en 2017 et sera au minimum distribué en 250 exemplaires à des universités, hubs et incubateurs.

Jeune Afrique : Pourquoi ce tour d’Afrique de 18 mois au travers de 25 centres technologiques africains ?

Samir Abdelkrim : #TechAfrique, ce tour d’Afrique des incubateurs, était d’abord un projet de blog et de reportage sur les start-up et l’innovation en Afrique.

Au début, son périmètre était restreint à quelques villes et à moins de six mois. L’expérience s’est transformée en une aventure d’un an et demi. J’ai pu la financer par des missions de conseil – par exemple auprès de la Fondation Pierre Fabre [spécialisée dans l’accès aux médicaments et aux soins, ndlr], pour l’accompagner dans le lancement de son observatoire de l’e-santé début juillet – ainsi que par une première campagne de financement collaboratif sur Ulule.

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Quels sont les principaux enseignements de ce voyage ?

Ce qui m’a frappé, c’est le caractère très organique des incubateurs par lesquels je suis passé à Dakar, à Abidjan, à Nairobi ou à Accra. C’est le cas tout particulièrement à Lagos.

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L’agglomération nigériane est aussi peuplée que toute la Côte d’Ivoire. On ne l’évoque que pour ses embouteillages et son insécurité alors que c’est l’un des scènes d’innovation technologique les plus vibrantes du continent.

À la différence de la Silicon Valley, dont l’essor est corrélé au voisinage de l’Université Stanford et dont la dépendance financière à l’égard de contrats octroyés par l’armée a été maintes fois relatée, ce sont des initiatives simultanées de plusieurs entrepreneurs nigérians qui ont stimulé l’innovation.

Lagos est l’une des scènes d’innovation les plus vibrantes du continent.

Ainsi du Co-Creation Hub à Yaba (Lagos) qui a rassemblé une communauté de geeks et designers avec l’ambition de trouver des solutions à leurs problèmes et à ceux du pays. Ils ont donné naissance à BudgIT, un site de « data crunch » [collection et mise en ordres de données, ndlr] pour faire le suivi des dépenses budgétaires publiques, ainsi que Wecyclers, un service de ramassage et de tri des déchets ménagers par vélos cargos. Andela, la start-up spécialisée dans le recrutement et la formation de développeurs de logiciels en Afrique dans laquelle la Chan Zuckerberg Initiative (CZI) vient d’investir, est aussi passée par Yaba.

Quelles sont les autres caractéristiques des incubateurs que vous avez visités ?

Dakar, et ses incubateurs comme le Jokkolabs ou le CTIC, bénéficient de la capacité de la ville à attirer les plus grandes sociétés internationales.

Ce qui est couplé avec les débuts du capital-risque comme la naissance de Teranga Capital en atteste.

Sinon, ce sont les concours et les prix qui jouent un rôle de tremplin. Ainsi par exemple de GiftedMom, la start-up créée au Cameroun qui s’adresse aux jeunes mères pour prévenir la mortalité infantile et qui a pu bénéficier de l’aide financier apporté par des prix internationaux.

Les concours et les prix qui jouent un rôle de tremplin.

Si des initiatives en faveur du financement collaboratif émergent, la prévalence de l’argent liquide partout en Afrique rend leur développement difficile. Mais d’autres tendances positives se dessinent : l’appétit grandissant des « repats » (par opposition aux « expats », diplômés de la diaspora qui font le choix de retourner dans leur pays naissance) pour l’investissement est un fait notable qui est mis en avant par le Venture Capital for Africa (VC4A), le réseau de promotion du capital-investissement sur le continent.

De même, l’African Business Angel Network (ABAN), réseau de clubs africains de business angels a été mis sur pied en 2015, avec l’objectif de drainer davantage l’épargne des élites africaines dans le capital-risque de jeunes sociétés africaines.

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