Deux semaines après les inondations au Malawi, l’heure du bilan

Pendant près d’un mois, des pluies d’une rare violence ont dévasté le Malawi, faisant des victimes et entraînant le déplacement forcé d’une grande partie de la population. Deux semaines après la fin de la tempête, l’heure est au constat de l’ampleur des dégâts.

Une fillette porte un bébé, dans le sud du district de Chikwawa. © Thoko Chikondi

Une fillette porte un bébé, dans le sud du district de Chikwawa. © Thoko Chikondi

Publié le 29 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

176 morts, 153 disparus et plus de 200 000 déplacés. Les inondations qui ont ravagé le Malawi depuis décembre sont bien plus grave que d’ordinaire. Si les crues et les fortes précipitations sont fréquentes à la saison des pluies, on estime qu’il s’agit de la pire inondation au Malawi depuis 1991. En cause : des précipitations prématurées, qui ont fait déborder les fleuves Shire et Ruo, et la tempête tropicale Chedza. En une journée, l’équivalent d’un mois de de pluie est tombé sur le sud du Malawi et sur le Mozambique, bien mieux préparé à ce type de catastrophe depuis l’inondation de 2000 qui avait fait 800 morts.

15 districts sur 28 sont passés en état d’urgence, 63 000 hectares de terres, dont 35 000 hectares de terres cultivées sont encore immergés. Les images satellites ci-dessous montrent la même zone en novembre 2013 et le 21 janvier 2015, attestant de la dégradation terrible des terres malawites. 

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Faites bouger la réglette vers la gauche ou la droite pour voir la situation avant et après l’inondation.

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Une situation sanitaire préoccupante

Quant aux conséquences pour les habitants, elles pourraient être dramatiques : les 200 000 personnes obligées de fuir leurs habitations sont réfugiées dans des camps, dans des écoles ou sur des îlots en hauteur, mais Médecins sans frontières estime qu’il resterait 20 000 personnes "coupées du reste du pays, privées de nourriture, de soins médicaux et d’aide sanitaire". L’insalubrité dans les camps est inquiétante : les inondations ont emporté les latrines des zones rurales, qui, mélangées au courant, rend l’eau non potable et provoque un fort risque de choléra.

La proximité des réfugiés, parfois à plusieurs dizaines dans une même tente, pourrait entraîner des infections graves ; des cas de diarrhées et de fièvres ont déjà été rapportés. Enfin, la montée d’eaux insalubres favorise la multiplication des moustiques et les risques de contamination du paludisme, le Malawi étant déjà fortement touché par la maladie. En 2012, une personne sur 10 vivait avec(1,5 millions de cas pour 16 millions d’habitants).

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Une économie noyée

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Les conséquences économiques sont, elles-aussi, inquiétantes : L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que 116 000 ménages ont perdu leurs récoltes et leurs bestiaux, et que 638 000 personnes vont être affectées par les dégâts sur les cultures. L’agriculture représente un tiers du PIB du Malawi, et 90% des recettes d’exportation du pays. En outre, ce sont les basses terres, entièrement immergées, qui produisent les cultures d’exportation telles que le thé ou le tabac. Quant à la pêche, elle pourrait aussi être entravée par l’insalubrité de l’eau.

Les ONG estiment que la catastrophe pourrait coûter jusqu’à 240 millions de dollars au pays. Une bien mauvaise nouvelle pour un États occupe la 164e place sur 177 dans l’indicateur du développement humain des Nations unies.

Aide internationale

Les ONG et gouvernements de la communauté internationale se sont déjà mobilisés pour apporter une aide au pays : les Nations unies ont distribué 77 tonnes de biscuits, du maïs, des haricots, de l’huile… Un budget de 50 000 dollars est prévu pour l’assainissement de l’eau et le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévu un budget de 16 millions de dollars pour relancer l’agriculture. L’organisation Amra (Asian Muslim Relief aid) a recolté 750 000 dollars, permettant de donner à 10 000 familles des kits de survie contenant des moustiquaires, des ustensiles, ou encore des semences pour ceux qui ont perdu leurs champs. La mobilisation internationale est forte, mais la saison des pluies, elle, ne fait que commencer.

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text-align:Elena Blum

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