Tunisie : ce qu’il faut retenir de l’interview télé d’Habib Essid

Dans le feuilleton de la crise politique et gouvernementale tunisienne, un nouvel épisode s’est joué le 19 juillet avec une interview du Chef du gouvernement Habib Essid.

Habib Essid, Premier ministre tunisien. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Habib Essid, Premier ministre tunisien. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Publié le 21 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

« Je ne suis pas un soldat déserteur », a lancé Habib Essid. Dans un entretien accordé à la chaîne Al Tessya, qui fait pendant à celui du 2 juin lorsque le président de la République Béji Caïd Essebsi avait lancé l’initiative d’un gouvernement d’union nationale,  le chef de l’exécutif, avec dignité, remet les pendules à l’heure quant à ses relations avec Carthage mais également avec ses ministres et la coalition gouvernementale.

Les Tunisiens attendaient des révélations fracassantes mais c’est méconnaître Habib Essid. Après un état des lieux de la situation du pays, il a écarté une faillite de la Tunisie bien que la situation économique et sécuritaire soit difficile. Il a également saisi l’occasion pour démentir certaines allégations et a nié avoir effectué des nominations dans les institutions de sécurité sans en avoir discuté avec Béji Caïd Essebsi.

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Pressions

En revanche, il a confirmé ne pas avoir été informé de la décision de BCE d’appeler à un gouvernement d’union nationale. Sa seule réserve quant à cette initiative, précise-t-il, résidait dans « le timing de sa présentation, qui n’était pas approprié, en période d’été et en plein ramadan ou les menaces terroristes sont très grandes. »

Le patron de la Kasbah reconnaît avoir subi de nombreuses pressions, que de nombreux intermédiaires lui ont offert de démissionner et de sortir par la grande porte, d’autres ont été plus menaçants mais il a surtout confirmé qu’il ne démissionnerait pas et préférait s’en remettre au vote de confiance de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Une manière de respecter la constitution à laquelle Essid se réfère en rappelant que le départ du Chef du gouvernement est soumis  à une procédure et à une décision de l’Assemblée et non de Carthage dans la mesure où  le parlement,  avec la présidence et le gouvernement, est un des trois pôles du pouvoir en Tunisie.

Responsabilités collectives

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Plutôt que d’être convoqué par les élus, Essid a préféré prendre les devants et requérir de son propre chef un vote de confiance. « J’ai accepté la responsabilité [de diriger le gouvernement] avec ses côtés positifs et négatifs et je ne peux démissionner pour avoir été incapable d’assumer ma mission », a-t-il indiqué, expliquant assumer sa responsabilité « mais à condition qu’elle soit collective », faisant allusion à la coalition gouvernementale.

Partant ? Essid ne dément pas son départ  mais il ne saurait être immédiat. La prochaine étape sera de se présenter en cours de semaine prochaine devant l’ARP. Il faudra, si la confiance est retirée au gouvernement, que le Chef de l’État désigne dans la semaine un successeur à Essid pour qu’il forme une équipe que devra ensuite adouber l’ARP.

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« Prêt à servir la Tunisie »

Dans ce cas de figure rien n’est joué d’avance et un départ d’Essid ne serait effectif qu’en septembre. Mais avec lui, il entraîne ses ministres puisque le retrait de confiance les empêche de briguer des portefeuilles dans le nouveau gouvernement. Un coup porté aux partis qui avaient eu des difficultés à désigner des ministres dans leurs rangs.

Évoquant son avenir politique, Habib Essid s’est dit « prêt à servir la Tunisie ». « Si on fait appel à moi de nouveau, même après cette expérience, je n’hésiterai pas à l’accepter, à quelque niveau que ce soit y compris la présidence de la république, tant que je suis en bonne santé », a-t-il précisé.

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