Burundi : le Comité des Nations unies s’inquiète d’une possible dérive génocidaire
Le comité des Nations unies contre la torture a demandé vendredi des investigations sur des actes de torture présumés au Burundi contre une ethnie.
![Un policier burundais ouvrant le feu sur des manifestants de l’opposition à Bujumbura en juin 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/08/12/police-burundi.jpg)
Un policier burundais ouvrant le feu sur des manifestants de l’opposition à Bujumbura en juin 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA
« La torture est motivée par des raisons politiques » au Burundi et des indications laissent penser qu’elle est dirigée avant tout contre une ethnie, a mis en garde devant la presse le président du comité des Nations unies contre la torture, Jens Modvig. De tels actes contre un groupe, s’ils sont « systématiques », pourraient être considérés comme une alerte sur un probable génocide.
Le recours à la torture ne « donne aucun signe d’amélioration », a renchéri le rapporteur du comité au Burundi, Sébastien Touzé, déplorant une « rupture complète de l’État de droit ainsi qu’un état de tension politique » très alarmant.
Fosses communes
Le Comité se dit « particulièrement troublé » par le chiffre de 348 exécutions extrajudiciaires perpétrées en un an depuis le début des violences liées au processus électoral. Ces données avaient été dévoilées récemment par le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
La présence de neuf fosses communes présumées inquiète également le Comité qui demande au gouvernement burundais « de mettre en oeuvre sans délai les moyens nécessaires afin de localiser, préserver et mettre en surveillance » ces sites.
Recommandations
Une commission d’enquête indépendante devra ensuite identifier les cadavres si les allégations se vérifient mais le Comité relève que les autorités ont reconnu l’authenticité de plusieurs sites et demande par ailleurs que les familles des victimes puissent se constituer partie civile et obtenir des réparations adaptées.
Le Comité souhaite aussi des investigations sur plus de 30 disparitions forcées, un usage excessif de la force et plus de 650 actes de torture. Il demande la fermeture de centres de détention officieux et exige l’accès aux prisons et aux commissariats pour tous les observateurs dépêchés par le Haut Commissariat, le Conseil des droits de l’homme et l’Union africaine.
Des mécanismes nationaux et indépendants de prévention de la torture et de dépôt de plaintes devront également être mis en place. La participation des milices, dont le Comité demande le contrôle par les forces de sécurité, à des exécutions devra être examinée.
Les personnes responsables d’abus sexuels devront être poursuivies et leurs victimes soutenues. En outre, le Comité appelle le gouvernement burundais à mieux sensibiliser les membres des forces de police à leurs responsabilités, invoquant la Convention contre la torture.
Appel à cesser les représailles
Jens Modvig a invité le pouvoir de Pierre N’Kurunziza à protéger les minorités, cesser toute incitation à la haine, libérer des personnes détenues arbitrairement et garantir des procès équitables, souhaitant que les membres de la société civile puissent être défendus.
Lundi, le Comité avait dénoncé les représailles contre quatre avocats burundais : ceux-ci, qui avaient contribué à la production d’un rapport d’ONG, ont dû quitter le pays. Après la publication de ce document, la délégation officielle burundaise avait boycotté la réunion où elle devait répondre aux remarques du Comité, une première pour un État-partie.
Le Burundi a indiqué dans une lettre reçue jeudi que les poursuites contre les quatre avocats n’étaient pas liées à leur participation aux travaux du Comité. Des déclarations que réfutent les membres dudit comité.
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