Diplomatie : l’ONU peut-elle trouver une solution politique à la crise libyenne ?

Alors que l’option militaire est dans toutes les bouches, l’ONU réunit depuis mercredi à Genève les parties libyennes en conflit pour tenter de trouver une solution politique à la crise.

Un combattant de Fajr Libya lors d’affrontements à Tripoli le 5 janvier 2015. © AFP

Un combattant de Fajr Libya lors d’affrontements à Tripoli le 5 janvier 2015. © AFP

Publié le 15 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Pourquoi une réunion à Genève ?

Plusieurs fois reportée, la réunion entre plusieurs parties prenantes au conflit en Libye s’est ouverte mercredi 14 janvier à Genève sous l’égide de l’ONU. L’objectif est clair : tenter de trouver une solution à la grave crise politique et aux violences qui menacent de faire basculer le pays dans une guerre ouverte.

"Ces négociations vont être longues et compliquées", a déclaré d’emblée, avant le début des entretiens, Bernardino Leon, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye et chef de la mission de l’ONU (Misnul) en Libye, lors d’une conférence de presse.

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Le diplomate a en outre indiqué qu’il fallait "compter avec la créativité libyenne, étant donné que chaque Libyen a un plan" pour sortir de la crise.

Pour Bernardino Leon, une des tâches prioritaires sera de proposer des mesures "pour rétablir la confiance" dans un pays "qui est proche du chaos total". D’autres questions "plus difficiles à résoudre" seront sur la table des négociations la semaine prochaine, a-t-il ajouté.

De son côté, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, a estimé qu’il s’agissait "d’une occasion que les Libyens ne peuvent pas se permettre de manquer", "c’est la dernière chance de succès" et "il n’y a pas d’alternative au dialogue".

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Qui est représenté ?

Selon Bernardino Leon, "toutes les parties qui sont engagées dans une Libye stable et démocratique à travers des moyens pacifiques" ont été invitées à Genève.

La Misnul a fait état de la participation de membres du Parlement reconnu par la communauté internationale, dont certains qui le boycottent, de personnalités de la société civile, dont des femmes, et de membres des gouvernements provisoires précédents.

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Des membres du Parlement sortant, le Congrès général national (CGN), basé à Tripoli ont aussi été invités. Des représentants de groupes armés, non présents à Genève, doivent se décider d’ici la semaine prochaine s’ils veulent rejoindre ou pas la table des négociations.

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L’analyste politique Mohamed al Ferjani estime toutefois que ce dialogue risque d’"échouer car l’ONU n’a pas choisi les bons acteurs". "Les participants sont des politiciens et n’ont aucune influence ou présence sur le terrain", a-t-il précisé, en soulignant que ni le général Khalifa Haftar ni "Fajr Libya" (l’Aube de la Libye) n’ont été invités.

Mais selon Bernardino Leon, elle doit faire savoir dimanche si elle entend rejoindre les pourparlers à Genève.

Pessimisme

La Misnul a précisé que les pourparlers étaient basés sur "le respect de la légitimité des institutions de l’État et le rejet du terrorisme". Ils visent "à sécuriser un retrait progressif de tous les groupes armés de toutes les grandes villes, dont Tripoli".

"Afin de créer un environnement propice au dialogue", M. Leon a proposé un "gel des opérations militaires pour quelques jours".

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La tâche s’annonce particulièrement ardue pour rapprocher les deux gouvernements actuels, celui lié à "Fajr Libya", et l’autre reconnu par la communauté internationale, qui siège à Al-Baïda (1 200 km à l’est de Tripoli). Le pays est également doté de deux Parlements, l’un dans la capitale et l’autre à Tobrouk, à la frontière égyptienne.

L’heure est au "pessimisme", juge aussi un diplomate onusien, qui a requis l’anonymat. "On a l’impression que c’est la dernière chance, et personne n’a vraiment de plan B convaincant. Il y a un grand risque d’échouer à Genève, ajoute-t-il.

(Avec AFP)

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