La population des éléphants d’Afrique enregistre sa plus forte baisse depuis 25 ans

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a affirmé dimanche que le braconnage était à l’origine de la plus forte baisse du nombre d’éléphants d’Afrique depuis 25 ans. Une tendance qui révèle des désaccords entre les États africains sur la politique à adopter pour préserver cet animal, un des symboles du continent.

Des défenses d’éléphants et des sculptures en ivoire sur le point d’être brûlées à Yaoundé, au Cameroun, le 19 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Des défenses d’éléphants et des sculptures en ivoire sur le point d’être brûlées à Yaoundé, au Cameroun, le 19 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Publié le 25 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Ils sont associés à l’image du continent, et pourtant ils sont en grand danger. Les éléphants d’Afrique font partie des espèces les plus menacées par le braconnage, comme l’a rappelé l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dimanche. Un rappel qui n’a rien d’anodin, puisque l’institution mondiale publiait un rapport des plus alarmants. Le constat est simple : l’Afrique compte actuellement environ 415 000 éléphants, soit 111 000 de moins que durant la dernière décennie. Une baisse sans précédent.

Des chiffres « choquants mais pas surprenants »

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Comme les représentants de l’UICN se sont efforcés de le rappeler, cette chute alarmante de la population est en partie causée par la déforestation et l’urbanisation. Mais, au-delà de ces deux phénomènes, ils ont surtout pointé du doigt le boom du braconnage, qui a réellement explosé il y a une dizaine d’années. Inger Andersen, le directeur général de l’UICN a donc estimé que ces chiffres étaient « choquants, mais pas surprenants » devant les 3 500 délégués de la Cites (convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction), représentant les 182 pays signataires lors d’une conférence mondiale pour la sauvegarde des espèces menacées qui s’est ouverte samedi à Johannesburg.

Les personnes présentes ont longuement débattu des moyens de lutter contre le braconnage, un business opaque qui prend chaque année un peu plus d’ampleur. Aujourd’hui, le « marché » pèserait 20 milliards de dollars en 2015, ce qui en fait le quatrième commerce illégal générant le plus de richesses sur la planète derrière le trafic d’armes, la contrefaçon et le trafic d’être humains.

La question de la réglementation au cœur des débats

Outre le braconnage, cette conférence de Johannesburg est l’occasion pour les représentants des pays signataires de débattre d’une question qui cristallise les tensions : faut-il réglementer davantage le commerce légal de l’ivoire ?

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Pour Sue Lieberman, vice-président de la Wildlife Conservation Society (Société pour la préservation de la vie sauvage), « les dernières données statistiques montrent que les gouvernements doivent prendre les mesures nécessaires, y compris fermer leurs marchés nationaux d’ivoire d’éléphant », afin d’empêcher les trafiquants de « blanchir » l’ivoire illégal. Une position que ne partagent pas plusieurs pays d’Afrique australe notamment, qui revendiquent le droit de gérer leurs propres populations.

La Zambie par exemple argue que la population des éléphants d’Afrique australe se porte bien en comparaison avec celle d’autres sous-régions du continent. « Nous gérons bien » la situation. « Comment pouvez-vous venir nous dire comment réguler notre marché intérieur ? » s’est agacé Stephen Mwansa, numéro deux du ministère du tourisme zambien. « C’est de l’arrogance, cela rappelle du néo-colonialisme et nous ne pouvons l’accepter », a-t-il déclaré samedi.

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L’Afrique australe opposée à plus de restrictions

En 1989, la Cites avait complètement interdit le commerce international d’ivoire des éléphants d’Afrique. Ce qui avait permis à la population de remonter, si bien que les éléphants du Botswana, de Namibie, d’Afrique du Sud et du Zimbabwe étaient repassés à un niveau de protection moins fort à la fin des années 1990. La Namibie et le Zimbabwe demandent maintenant à être autorisés à vendre des stocks de défenses d’ivoire prélevés sur des éléphants décédés de mort naturelle, afin de financer des projets de protection lancés par des communautés locales. Une proposition soutenue par l’Afrique du Sud.

Dans l’autre camp,  une coalition de 29 pays africains réclame au contraire d’interdire de nouveau totalement le commerce de l’ivoire. Ce que la ministre de l’Environnement du Zimbabwe Oppah Muchinguri a qualifié de « violation des droits souverain des nations ». Ces tensions s’expliquent aisément, tant l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest ont vu leur population d’éléphants s’effondrer pour l’une et quasiment disparaître pour l’autre.

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