Pangolin, perroquet gris, éléphant : retour sur les mesures de la Cites pour protéger les animaux en danger

Pangolins, éléphants, rhinocéros : le continent africain pourrait bientôt voir disparaître certains de ses emblèmes. Pour protéger ces animaux menacés, la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) a pris une série de mesures lors de son congrès de Johannesburg du 24 septembre au 4 octobre. Retour sur les grandes décisions adoptées, loin de faire l’unanimité.

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d’illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d’illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Publié le 5 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Les mesures adoptées lors de cette réunion triennale par les délégués des 182 pays membres (plus l’Union européenne) ont « changé la donne », se sont globalement félicitées les ONG de défense des animaux.

Mais les débats, parfois très vifs, ont fait éclater au grand jour de profondes divisions au sein même des pays africains et des ONG sur la meilleure manière de lutter contre les trafics, dont le montant est évalué à 18 milliards d’euros chaque année.

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Interdiction du commerce du pangolin

Un pangolin à Bali, le 19 juin 2014. Photo d'illustration. © Firdia Lisnawati/AP/SIPA

Un pangolin à Bali, le 19 juin 2014. Photo d'illustration. © Firdia Lisnawati/AP/SIPA

Jusqu’à présent, le commerce de ce petit mammifère à écailles était réglementé mais bien légal. Désormais, les huit espèces asiatiques et africaines connues du pangolin ont été inscrites à l’annexe I de la Cites. En clair, son commerce sera désormais interdit.

Il y avait urgence : selon plusieurs ONG dont l’Union internationale pour la conservation de la nature, plus d’un million de pangolins, très prisés dans les cuisines asiatiques, ont été braconnés au cours de la dernière décennie. Un animal bien connu en Afrique, et notamment au Zimbabwe. Lors de ses premières années au pouvoir, Robert Mugabe recevait souvent des pangolins pour cadeaux.

Statut quo et frictions sur le commerce de l’ivoire

Un éléphanteau au Malawi immobilisé par un vétérinaire, le 12 juillet 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Un éléphanteau au Malawi immobilisé par un vétérinaire, le 12 juillet 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

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C’était l’un des grands enjeux de ce congrès : l’interdiction totale du commerce international de l’ivoire des éléphants ou de la corne de rhinocéros contribue-t-elle à leur protection ou, au contraire, nourrit-elle le braconnage ? Les 3 500 participants à la Cites n’ont pas tranché cette épineuse question.

La proposition de faire passer tous les éléphants de l’annexe II (commerce réglementé) à l’annexe I (commerce interdit) a ainsi été rejetée. Les pachydermes d’Afrique du Sud, du Botswana, de Namibie et du Zimbabwe restent donc dans l’annexe II. Un échec pour les pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est qui soutenaient cette proposition.

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« Il y a eu des négociations ardues », a reconnu Theressa Frantz du Fonds mondial pour la protection de la faune sauvage (WWF). La Fondation Brigitte Bardot a pour sa part dénoncé un « goût d’inachevé ». La Cites s’est simplement « contentée de poser un pansement sur (l’)hémorragie » des éléphants, a-t-elle estimé.

Ces dix dernières années, 110 000 pachydermes africains ont été tués, victimes du trafic. Soit un quart de leur population actuelle.

Rendez-vous manqué pour le lion

Le lion Ceci a été tué en juillet 2015 au Zimbabwe par un chasseur américain. © Andy Loveridge / AP / SIPA

Le lion Ceci a été tué en juillet 2015 au Zimbabwe par un chasseur américain. © Andy Loveridge / AP / SIPA

Rendez-vous manqué aussi pour la protection du « roi de la jungle », selon le Fonds international pour le bien-être animal (Ifaw) extrêmement « déçu » que les lions africains, dont les os sont prisés pour des potions soit-disant médicinales, ne soient pas inclus dans l’annexe I de la Convention, qui bannit toute possibilité de commerce.

Il y a pourtant urgence. Selon une étude de l’université d’Oxford, les lions d’Afrique ont perdu 90% de leur effectif depuis le milieu du XXe siècle, et devraient encore perdre la moitié des leurs dans les vingt ans à venir.

Le perroquet gris désormais protégé

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d'illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d'illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Réputés pour leur capacité à imiter la voix humaine, les perroquets gris ont bénéficié de la protection maximum : celle de l’annexe 1. En clair, leur commerce sera interdit. 

Là encore, leur situation est critique. D’après le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), 2,1 à 3,2 millions de perroquets gris d’Afrique ont été capturés de 1975 à 2013.

Protection accrue des requins

Un requin dans un aquarium au Japon, le 5 janvier 2016. © AP/SIPA

Un requin dans un aquarium au Japon, le 5 janvier 2016. © AP/SIPA

Les requins soyeux et renards ont été inclus dans l’annexe II pour tenter de ralentir la surpêche actuelle. Si la pratique qui consiste à couper à vif leurs ailerons et à rejeter vivants les squales amputés, est officiellement interdite, elle persiste dans les faits.

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