États-Unis : mort d’Abou Anas al-Libi juste avant son procès

Le Libyen Abou Anas al-Libi, qui devait être jugé aux États-Unis dans une semaine pour sa participation présumée aux attentats d’Al-Qaïda contre deux ambassades américaines d’Afrique de l’Est en 1998, est mort vendredi près de New York des suites d’un cancer.

Photo fournie par le FBI montrant Abou Anas al-Libi. © AFP

Photo fournie par le FBI montrant Abou Anas al-Libi. © AFP

Publié le 3 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Abou Anas al-Libi, 50 ans, avait été capturé en octobre 2013 à Tripoli par des forces spéciales américaines dans des circonstances dignes des scénarios les plus palpitants de Hollywood.

Il avait été l’un des hommes les plus recherchés par le FBI, offrant jusqu’à cinq millions de dollars de récompense, pour les attaques revendiquées par Al-Qaïda d’août 1998 contre les ambassades au Kenya et en Tanzanie. Un traumatisme pour l’Amérique (224 tués et plus de 5.000 blessés), trois avant le 11-Septembre 2001. Mais le suspect, de son vrai nom Nazih Abdel Hamed al-Raghie, ne sera jamais jugé.

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Souffrant d’un cancer du foie et d’un hépatite C, son état s’était détérioré ces dernières semaines et il est décédé vendredi soir dans un hôpital de la région de New York, selon son avocat Bernard Kleinman et sa famille. Son procès à New York et celui du Saoudien Khalid al-Fawwaz, arrêté en Grande-Bretagne en 1999, devait initialement démarrer le 3 novembre, avant d’être reporté au 12 janvier à la demande de la défense.

Film d’espionnage

Les deux hommes avaient plaidé non coupables, tandis qu’un troisième suspect, l’Egyptien Adel Abdel Bary, avait, lui, plaidé coupable en septembre afin de ne pas comparaître. Le fils de Libi, Abdel Mouin, a immédiatement accusé samedi sur la chaîne CNN le gouvernement américain "pleinement responsable" de la mort de son père, en détention provisoire dans un centre pénitentiaire de Manhattan depuis plus d’un an.

Il avait été retrouvé, capturé à Tripoli et emmené de force aux Etats-Unis, à la manière d’un film d’espionnage. Sur une vidéo surveillance rendue publique en février 2014, des images en noir et blanc datées du 5 octobre 2013 montrent une voiture noire s’arrêter devant une maison cossue d’une rue de Tripoli. Il est 06H38, il fait encore nuit. Une fourgonnette blanche surgit alors sur le côté gauche de la voiture et trois hommes en bondissent, armes au poing. Un autre minibus blanc vient bloquer la voiture noire du suspect.

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Les hommes armés se saisissent d’un individu au volant de la voiture et le forcent à monter dans la fourgonnette. Tout le convoi de véhicules démarre. La scène a duré une minute. Dans ce raid controversé de la Delta Force — l’élite de l’élite des forces spéciales américaines — de la CIA et du FBI, Abou Anas al-Libi avait été ensuite détenu et interrogé à bord d’un navire militaire américain, l’USS San-Antonio, puis remis à des policiers américains qui l’avaient emmené en avion à New York le 12 octobre 2013.

Colère des autorités libyennes

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L’opération spectaculaire avait provoqué la colère de la Libye pour atteinte à sa souveraineté et les condamnations d’organisations de défense des droits de l’homme. Treize ans avant d’être aux mains des Américains, Libi avait été inculpé à New York en 2000, avec 20 autres membres présumés d’Al-Qaïda, de "complot visant à tuer des citoyens américains" et de "complot visant à détruire des bâtiments et propriétés des Etats-Unis". Selon l’acte d’accusation, Libi, considéré comme un expert en informatique et communication, avait notamment mené, dès 1993, des opérations de surveillance "visuelle et photographique" de l’ambassade américaine à Nairobi.

Les attentats d’Al-Qaïda avaient visé simultanément le 7 août 1998 les ambassades des Etats-Unis dans la capitales kényane, Nairobi, et tanzanienne, Dar es Salaam. Ils avaient fait 213 morts, dont 12 Américains, et plus de 5.000 blessés à Nairobi, et 11 morts et 85 blessés à Dar es Salaam. Ces derniers mois, dans la préparation du procès, l’avocat Kleinman s’était plaint que son client n’ait accès ni à ses affaires personnelles ni à son dossier judiciaire.

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