Éthiopie : le Premier ministre favorable à une réforme du système électoral
Face au mouvement de contestation qui secoue actuellement le pays, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a affirmé mardi vouloir réformer le système électoral pour que l’opposition soit mieux représentée.
Serait-ce un premier signe de fléchissement du pouvoir en vue d’un apaisement de la situation en Éthiopie ? Mardi 11 octobre, le Premier ministre, Hailemariam Desalegn, s’est déclaré partisan d’une réforme du système électoral en vigueur dans le pays, alors que la chancelière allemande Angela Merkel se trouve actuellement à Addis Abeba pour les besoins de sa tournée africaine.
« Nous voulons réformer le système électoral pour que les voix de ceux qui ne sont pas représentés puissent aussi être entendues au Parlement », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse réalisée aux côtés de la chef d’État allemande. De fait, en Éthiopie, le pouvoir reste la chasse gardée du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF).
100% des sièges du Parlement pour la coalition au pouvoir
À la tête du pays depuis 1991, cette coalition a raflé la totalité des sièges lors des élections de mai 2015, qualifiées de mascarade par les partis d’opposition. C’est la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de l’EPRDF, à la chute du régime militaro-marxiste du Derg, que le Parlement ne compte aucun député indépendant ou membre de l’opposition.
« Notre processus de démocratisation est encore balbutiant », a reconnu Hailemariam Desalegn, avant de promettre que le régime irait « plus loin dans l’ouverture de l’espace politique et l’engagement avec la société civile. » Tout cela même alors que le gouvernement a décrété dimanche l’état d’urgence pour une durée de six mois.
Un système contesté
Au cœur du système électoral actuel, le principe du « first past the post ». Une expression anglo-saxonne utilisée pour exprimer une idée simple : 51% des voix suffisent à remporter tous les sièges. « Nous avons 49% des gens qui ne sont pas représentés au Parlement alors qu’ils ont voté pour l’opposition », a regretté le Premier ministre éthiopien.
Le pouvoir éthiopien a déjà promis par le passé à ses partenaires internationaux davantage d’ouverture démocratique, sans jamais remplir ses engagements. L’Éthiopie est régulièrement accusée de bafouer les droits de l’Homme et de faire taire les voix dissidentes, particulièrement depuis que le pays est en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis 25 ans. Le mouvement a commencé en région oromo (centre et ouest) en novembre 2015, et s’est étendu depuis l’été à la région amhara (nord), deux ethnies majoritaires dans la population.
La répression menée par le gouvernement a fait plus de 500 morts, selon les organisations de défense des droits de l’Homme. C’est la raison pour laquelle Angela Merkel, en tournée africaine pour trois jours, a décliné une invitation à s’exprimer devant le Parlement éthiopien pour ne pas donner l’impression de soutenir une chambre monolithique, a indiqué une source diplomatique.
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