Maroc : Aziz Akhannouch en route pour succéder à Salaheddine Mezouar à la tête du RNI

Après la démission surprise de leur chef, Salaheddine Mezouar, les libéraux du RNI ont sollicité mercredi Aziz Akhannouch pour lui succéder, dans l’attente d’un congrès extraordinaire qui aura lieu le 29 octobre. Retour sur le parcours d’un patron devenu ministre et, prochainement, chef de parti.

Aziz Akhannouch lors d’un forum international sur l’Afrique, le 7 octobre 2013 © Hervé Cortinat/OCDE developpment Center/Flickr

Aziz Akhannouch lors d’un forum international sur l’Afrique, le 7 octobre 2013 © Hervé Cortinat/OCDE developpment Center/Flickr

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Quatre ans après en être parti, Aziz Akhannouch, le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, signe son retour au Rassemblement national des indépendants (RNI). Selon un communiqué du bureau politique du parti, réuni mercredi 12 octobre, le magnat des affaires « a été sollicité » pour le poste de président à la place de Salaheddine Mezouar, qui a démissionné de ses fonctions.

Sa nomination officielle n’est qu’une question de procédure, les statuts du parti imposant la tenue d’un congrès extraordinaire, qui aura lieu le 29 octobre.

la suite après cette publicité

En pleine crise post-électorale, le parti de la colombe, un des grands perdants du scrutin du 7 octobre, se prépare à entamer les tractations avec les islamistes du PJD qui dirigeront la future coalition. Il lui faut donc un négociateur en chef après le départ de Mezouar, pour être représenté en sa qualité de troisième force du Parlement depuis qu’a été créé un groupe parlementaire unique avec l’Union constitutionnelle (UC).

Les deux partis alliés comptent maintenant 57 députés et entendent mener ensemble les négociations gouvernementales.

Multi-fonctions

Proche du roi Mohammed VI, qu’il reçoit à sa table, Aziz Akhannouch est le fils d’Ahmed Oulhaj, un entrepreneur berbère qui, comme nombre de grandes familles marocaines, a fait fortune dans le secteur de la distribution. Beaucoup de Berbères ont réussi, comme les Fassies et les R’baties, à construire de véritables empires financiers à l’ombre de la monarchie, à l’instar des Ait Menna, Abaâkil, Amhal et autres Agouzal.

la suite après cette publicité

Le jeune Aziz a été éduqué dans la plus pure tradition berbère, loin des clichés de la bourgeoisie marocaine. Après un parcours scolaire dans l’enseignement public marocain, il part au Québec étudier le « business management » à l’université de Sherbrooke puis rentre au pays prendre les rênes du patrimoine familial. Il réussit à en faire un fleuron national pesant aujourd’hui 30 milliards de dirhams (2,7 milliards d’euros) et comprenant une soixantaine de filiales, dont deux cotées à la bourse de Casablanca (Maghreb Oxygène et Afriquia gaz). Le groupe est présent dans la distribution d’hydrocarbures, l’immobilier, le tourisme, les télécoms et dans la presse (à travers le groupe « Caractères » et d’autres publications).

Son épouse, Salwa Akhannouch, elle aussi fille d’un riche commerçant soussi, est arrivée à s’imposer dans le commerce de détail en créant, en 2004, le groupe Aksal, dont sa principale enseigne est le Morocco mall de Casablanca.

la suite après cette publicité

Débuts en politique

En 2003, sous l’étiquette du Mouvement Populaire, Aziz Akhannouch est élu président de la région Souss-Massa, où il est né, et entreprend de promouvoir sa langue maternelle, le tamazight, en créant des événements culturels qui prendront très rapidement une stature internationale, à l’image du festival Timitar et de celui de Tafraout. On ne compte plus le nombre de ses actions de mécénat dans sa région et partout au Maroc.

Selon le magazine américain Forbes, il est la deuxième fortune du Maroc après le magnat Othman Benjelloun, avec un patrimoine de 1,25 milliard de dollars. Personnage incontournable au Maroc, son nom revient sur les lèvres à chaque nomination d’un nouveau chef de gouvernement, remaniement ministériel ou désignation d’un grand patron d’entreprise publique.

Le mousquetaire de Mohammed VI

En 2007, à l’instigation du Palais, il entre au gouvernement de l’istiqlalien Abbas El Fassi, sous l’étiquette du RNI (qu’il quittera en 2012) et entreprend la réforme d’un secteur agricole rongé par les archaïsmes fonciers en mettant en place le Plan Maroc Vert, un dispositif d’investissements qui propulsera ce secteur parmi les premières activitées exportatrices du pays.

La désignation de l’enfant du Souss comme président par intérim du RNI pourrait être interprétée comme la volonté du parti de se maintenir dans le prochain gouvernement dirigé par le PJD. Une option que ne pouvait tolérer son précédent secrétaire général, Salaheddine Mezouar, contraint, visiblement, à jeter le tablier en raison de ses divergences profondes et publiques avec Abdelilah Benkirane. 

Seul hic : Aziz Akhannouch n’apprécie pas non plus Benkirane, avec qui il a connu un sérieux clash en décembre 2015 à propos de la gestion d’un fonds de développement rural, allant jusqu’à menacer de démissionner du gouvernement. Il finira par rester, se contentant du minimum en matière de communication avec le chef islamiste. En mai dernier, il a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux législatives et qu’il n’avait plus aucune ambition politique au sein du RNI. Mais, dès lors que l’enjeu est national, le puissant ministre du Palais sait qu’il pourrait faire des concessions…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Abdelilah Benkirane lors d’une conférence de presse à Rabat (Maroc), le 27 novembre 2011. © AFP

Maroc : Benkirane-Akhannouch, chambre à part

Contenus partenaires