Musique : l’afro, c’est plus que chic !

L’affaire est grave, comme on dit sur le continent ! L’afro a en effet le vent en poupe sur le marché du disque international.

Le rappeur MHD dans le clip de sa chanson « A Kele Nta », en 2016 © Capture d’écran You tube

Le rappeur MHD dans le clip de sa chanson « A Kele Nta », en 2016 © Capture d’écran You tube

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Publié le 17 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Patrice, le reggaeman allemand d’origine sierra-léonaise sacrifie ses bons vieux tempos le temps d’une chanson (Guns & Tings) , dans son dernier album, Life’s Blood, afin d’adopter un des rythmes venus de Lagos. On signale les mêmes symptômes chez le Canadien Drake, leader actuel de la branchitude rap, qui s’offre un duo de naija music avec la star nigériane Wizkid dans One dance, titre figurant sur son dernier album Views.

Mêmes tendances, murmure-t-on,  dans le nouvel opus de la diva soul Alicia Keys à paraître dans les jours à venir. Et on en passe…. Quant à la scène française, n’en parlons pas…

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https://www.youtube.com/watch?v=GYIkwgyVhsU

Certes, le groupe Magic System avait préparé le terrain depuis quelques années en imposant un son constitué d’un savant équilibre entre dance-music occidentale et zouglou à l’ivoirité tempérée. Mais quand même… Le son doit être afro ou ne sera pas, tel est le leitmotiv actuel du show-biz hexagonal depuis plus d’un an.

Fesses en arrière

L’un des « meneurs » de cette invasion swing, MHD, le jeune kid des quartiers populaires de Paris, ex-livreur de pizza et père de l’afro-trap, est demandé partout et va de featuring en featuring (Booba, Fally Ipupa, la chanteuse Zaho, Black M de Sexion d’Assaut, etc…). On s’arrache ce fameux pool de musiciens d’origine africaine qui trustent une partie des séances d’enregistrement parisiennes. Sans eux, pas de sons qui « tuent » !

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Et si on se promène sur les ondes, le constat est simple à faire : de plus en plus obsolète, l’électro criard à la David Guetta ou le rap pur et dur d’Iam ! Il y a des beats légèrement kuduro qui traînent dans les structures rythmiques, des contre-temps coupé-décalé ou ndombolo qui secouent des mélodies ici ou là, des atmosphères vaguement nigérianes qui imprègnent certains titres.

Quoi qu’il en soit, la conséquence majeure de ce phénomène est peut-être ailleurs. Dans ces clips de MHD qui montrent le jeune rappeur et ses copains les fesses en arrière, les bras semblant parfois étreindre une danseuse invisible, esquisser une espèce de zouk maladroit ou de ndombolo façon-façon ! Avouons-le : quelle pinte de rire on s’est offert à la vue de ces vidéos ! Non que les « chorégraphies » de ces jeunes d’origine africaine étaient ridicules.  Mais elles présentaient un tel décalage avec le spectacle que l’on pouvait contempler, il y a encore moins de cinq ans,  dans certaines familles immigrées en banlieue !

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Des vidéos synonymes de reprise de contact avec la danse africaine

D’un côté, les parents dégustant, voire dansant les dernières rumbas, makossas ou coupé-décalé à la mode. Et de l’autre, leurs fils ne consacrant même pas un sujet-verbe-complément à commenter ces titres, tout à leur dédain d’adolescents, de rappeurs ou d’amateurs de rap pour tout ce qui n’était pas hip-hop ; rien ne valait cet exercice de gym rythmique et sportive qu’est le break-dance !

Cinq ans plus tard, ils tentent de danser comme papa et maman ! Le dédain a disparu au profit de cette façon de ressentir le swing, de cette manière de « transe » douce chère à leurs parents. «  Moi, je trouve plutôt sympa qu’ils retrouvent leurs origines, il était temps », commente Hapsatou, jeune Sénégalaise évoquant cette nouvelle attitude de ses frères.

Affirmatif, serait-on tenté de répondre. Ces vidéos de MHD ne sont décidément pas ridicules mais touchantes car elles symbolisent une reprise de contact avec la danse africaine.  Ces jeunes vivent en somme un certain « communautarisme », mais dans le bon sens du terme.

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