Élection présidentielle en Gambie : « Ils ont coupé internet parce qu’ils ont peur »

Le réseau internet et les communications avec l’étranger sont coupés depuis mercredi soir en Gambie, isolant le pays du reste du monde alors que se tient une élection présidentielle à l’issue incertaine, dont les résultats sont attendus dans la nuit de jeudi à vendredi.

Yahya Jammeh, à Banjul, le 22 septembre 2006. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Yahya Jammeh, à Banjul, le 22 septembre 2006. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 1 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Ce n’était jamais arrivé lors des précédentes élections. Probablement un signe, parmi d’autres, de la fébrilité du régime de Yahya Jammeh face à la mobilisation sans précédent de l’opposition pour la présidentielle de ce jeudi 1erdécembre, que tous les observateurs annoncent très disputée.

Mercredi soir, vers 20h, quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote le lendemain matin, le réseau internet gambien a été suspendu sans aucune explication des autorités. Idem pour les communications avec l’étranger, coupant la petite enclave gambienne du reste du monde pour une durée indéterminée.

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SMS et MMS également bloqués

Jeudi, jour du scrutin, les Gambiens ne pouvaient plus communiquer que par téléphone, les SMS et MMS ayant à leur tour été bloqués sur le réseau national. Cette décision brutale tranche avec la liberté d’expression et de manifestation accordée à la population tout au long de la campagne électorale.

Habitués à se dissimuler pour critiquer le régime de Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994, les opposants ont profité ces derniers jours d’une fenêtre démocratique inédite, multipliant les manifestations et les meetings contre le tout puissant maître de Banjul.

Dans les files d’attente devant les bureaux de vote, les Gambiens, pourtant déjà rompus à l’usage de VPN (des réseaux virtuels privés) pour contourner le blocage d’applications mobiles telles WhatsApp ou Viber, ne comprenaient pas cette censure. « Couper internet est une entrave aux libertés de communication et d’expression. Ils font ça parce qu’ils ont peur du résultat qui sortira des urnes », affirme Moustapha, jeune trentenaire qui vient de voter pour Adama Barrow, le candidat de la coalition de l’opposition.

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« C’est la première fois que cela arrive, car Jammeh sait que quelque chose est en train de changer par rapport aux précédentes élections », renchérit Touray, un autre opposant.

Une coupure qui pourrait durer jusqu’à samedi

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Interrogé par Jeune Afrique, Stephen Cockburn, directeur adjoint régional d’Amnesty international, déplore ce blocage après une période d’ouverture inédite en Gambie durant la campagne électorale. « C’est une mesure très négative et répressive. Nous venons de vivre deux semaines remarquables durant lesquelles les Gambiens se sont exprimés et se sont mobilisés pacifiquement dans les rues. C’est très dommage de constater ce genre de limitations. Nous appelons donc les autorités gambiennes à arrêter ce blocage pour permettre aux populations de communiquer en toute liberté ».

Selon plusieurs observateurs et diplomates, la coupure du réseau internet et des communications internationales pourrait durer jusqu’à samedi midi. Les résultats de la présidentielle, eux, sont attendus dans la nuit de jeudi à vendredi.

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