Gambie : une délégation de la Cedeao en mission à Banjul pour convaincre Yahya Jammeh de quitter le pouvoir

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) envoie ce mardi une délégation à Banjul afin de convaincre Yahya Jammeh d’abandonner le pouvoir. Donné perdant à la présidentielle du 1er décembre, le président sortant rejette les résultats du scrutin.

Yahya Jammeh au cours de l’entretien accordé à J.A., le 17 mai à Farafenni. © Bangaly Touré pour JA

Yahya Jammeh au cours de l’entretien accordé à J.A., le 17 mai à Farafenni. © Bangaly Touré pour JA

Publié le 12 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La délégation ouest-africaine est conduite par la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et comprend ses homologues nigérian, Muhammadu Buhari, sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, et ghanéen, John Dramani Mahama, qui lui-même a reconnu sa défaire électorale la semaine dernière, a indiqué une source diplomatique sénégalaise. L’objectif de cette mission, qualifiée « de dernière chance », selon cette même source, a pour but de convaincre Yahya Jammeh de quitter le pouvoir.

Malgré les intenses pressions internationales, Yahya Jammeh a en effet une nouvelle fois surpris en annonçant qu’il allait contester devant la Cour suprême les résultats de la présidentielle accordant la victoire à Adama Barrow, son rival. Le président sortant, qui avait pourtant reconnu le 2 décembre sa défaite, a réclamé un nouveau vote et pointé, notamment, une erreur de comptabilisation de la Commission électorale.

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Pressions de la communauté internationales

En cas d’échec de la « diplomatie préventive » que représente la mission de la Cedeao, celle-ci « envisagera des décisions plus draconiennes », a indiqué le président de la Commission de l’organisation régionale, Marcel Alain de Souza, à la radio française RFI, sans écarter l’option militaire.

« Il est inacceptable de rejeter le résultat d’une élection », a déclaré à l’AFP à Monrovia le ministre libérien de l’Information Eugene Nagbe avant le départ de Ellen Johnson Sirleaf. « Le message de la présidente Sirleaf et de sa délégation sera donc qu’il doit accepter les résultats et permettre une transition en douceur ».

Lundi 12 décembre, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, a affirmé qu’il s’agissait d’un « moment très dangereux » pour ce petit pays de moins de deux millions d’habitants, en raison notamment du soutien dont jouit encore le président sortant au sein de l’armée.

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Recours devant la Cour constitutionnel

Enhardi par les pressions internationales, le président gambien élu, Adama Barrow, l’a sommé lundi de revenir sur sa décision et à céder le pouvoir sans attendre le recours en justice qu’il veut présenter devant la Cour suprême pour contester sa défaite. « Je pense qu’il devrait démissionner maintenant », a déclaré Adama Barrow lundi 12 décembre. « Il a perdu l’élection, nous ne voulons pas perdre de temps », a-t-il ajouté.

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L’opposition craint que le recours devant la Cour suprême projeté par Yahya Jammeh ne lui permette de se maintenir en place au-delà de la fin de son mandat, prévue en janvier. À ce titre, elle lui dénie « le pouvoir constitutionnel, dans les derniers jours de sa présidence, de nommer des juges à la Cour suprême à la seule fin de recevoir son recours », a prévenu l’un des portes-paroles de l’opposition, Mai Fatty.

La saisine de la Cour doit intervenir dans les dix jours suivant la proclamation des résultats, mais lundi 12 décembre étant férié, ce recours devrait être déposé le lendemain, selon des juristes. Faute de juges pour siéger à la Cour suprême depuis mai 2015, « il n’existe en Gambie aucun mécanisme légal légitime pour statuer sur le recours électoral du président sortant », a estimé l’Ordre des avocats dans un communiqué, l’appelant à « céder immédiatement le pouvoir ».

Le président de la Commission électorale, Alieu Momar Njie, a quant à lui assuré de la bonne foi de son institution. « Nous ne dissimulions aucune erreur », a-t-il dit à l’AFP au sujet de la rectification effectuée le 5 décembre, réaffirmant que ces résultats révisés avaient été acceptés par toutes les parties concernées.

La communauté internationale a aussitôt condamné le revirement de Yahya Jammeh. Le Conseil de sécurité l’a ainsi appelé samedi 10 décembre à respecter le choix du peuple souverain de la Gambie et à transférer, sans conditions ni retard injustifié, le pouvoir au président élu.

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