Afrique du Sud : le patron du groupe audiovisuel SABC dans le viseur de la justice

La justice sud-africaine a estimé ce lundi que Hlaudi Motsoeneng, le principal dirigeant de la radio-télévision publique proche de Jacob Zuma, n’était plus apte à remplir ses fonctions. Dans le même temps, une commission d’enquête parlementaire est justement en cours sur le groupe audiovisuel SABC.

Manifestation contre la censure exercée par la chaîne publique sud-africaine SABC, le 1er juillet 2016 à Johannesbourg. © Denis Farrell/AP/SIPA

Manifestation contre la censure exercée par la chaîne publique sud-africaine SABC, le 1er juillet 2016 à Johannesbourg. © Denis Farrell/AP/SIPA

Publié le 14 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le patron de South Africa Broadcasting Corporation (SABC), Hlaudi Motsoeneng, réputé proche du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir) a été déclaré lundi 12 décembre inapte à diriger le groupe audiovisuel public, par la Haute Cour du Cap occidental (sud-ouest).

« Hlaudi est au chômage […] C’est une victoire de l’État de droit et du constitutionnalisme « , s’est réjoui sur Twitter Mmusi Maimane, le président de l’Alliance Démocratique, principal parti d’opposition, qui avait saisi la justice sud-africaine à ce sujet au mois d’octobre.

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La Cour appuie sa décision sur un rapport du médiateur de la République (Public Protector), Thuli Madonsela, publié en février 2014, qui préconisait des mesures disciplinaires à l’encontre de Hlaudi Motsoeneng, accusé d’abus de pouvoir, d’avoir menti sur ses résultats au matric (l’équivalent sud-africain du baccalauréat, NDLR) et d’avoir organisé une purge parmi les employés du groupe audiovisuel.

Enquête parlementaire en cours

Celle-ci intervient alors qu’une commission d’enquête parlementaire s’intéresse justement à SABC. Les témoignages des anciens membres du conseil d’administration du groupe sont accablants pour Hlaudi Motsoeneng, désavoué par l’ancien PDG du groupe audiovisuel, qui a préféré démissionner au mois de juin.

70% de news positives à l’antenne

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Thandeka Gqubule, ex journaliste du groupe citée ce lundi par le site d’information sud-africain Independant Online a par exemple détaillé aux membres de la commission d’enquête combien l’ambiance au sein de la salle de rédaction s’était détériorée depuis qu’Hlaudi Motsoeneng avait annoncé en 2013 qu’il y aurait 70% d’actualités positives et 30% d’actualités négatives.

« Les pratiques journalistiques ont été subverties au sein de la SABC, et sous M. Motsoeneng cet état de fait a été exacerbé », a-t-elle souligné. Thandeka Gqubule a été démise de ses fonctions au mois de juin, pour avoir dénoncé la ligne éditoriale du groupe audiovisuel qui imposait entre autres de ne pas traiter à l’antenne les manifestations violentes.

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D’autres témoignages, cités par le Herald, font état d’une « culture de la peur », dans lesquelles les décisions sont appuyées par des « imposteurs ». Mais les accusations à l’encontre d’Hlaudi Motsoeneng ne s’arrêtent pas là.

Connexion avec les Gupta

Selon un ancien journaliste de SABC, Vuyo Mvoko, auditionné lui aussi par la commission d’enquête ce lundi et cité par le site d’information Eyewitness news, les dirigeants du groupe audiovisuel public « ont utilisé le budget de SABC pour financer le lancement d’une chaîne rivale, ANN7 », la nouvelle chaîne de télévision détenue par la famille Gupta, puissante famille d’hommes d’affaires d’origine indienne proches du président Zuma.

Lors d’une précédente audition, un ancien cadre de SABC, Phil Molefe, cité par Independant Online, a rapporté aux parlementaires qu’entre juillet 2011 et janvier 2012, alors qu’il était l’un des cadres du groupe, il a eu « plusieurs réunions, principalement avec Tony Gupta ». Ses propositions lui paraissant inacceptables, Phil Molefe a refusé de s’y plier, malgré les avertissements de Hlaudi Motsoeneng qui lui aurait demander d’y aller « doucement » avec les Gupta.

Peu de temps après, Phil Molefe n’était pas reconduit dans ses fonctions de CEO. Une décision du conseil d’administration qui n’est pas étrangère, selon lui, à ses anciennes prises de positions.

Au lendemain de la décision de la Haute Cour, Hlaudi Motsoeneng  qui entend peut-être faire appel du jugement, ne serait pas présenté sur son lieu de travail, selon la presse sud-africaine. Mercredi 14 décembre, la ministre de la Communication, Faith Muthambi, doit être entendue par la commission d’enquête qui compte poursuivre ses investigations au-delà de la fin d’année.

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