Gambie, RDC, Côte d’Ivoire… Haro sur les bourricots !

Au début de décembre 2016, après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle gambienne, j’étais un homme heureux. Heureux d’apprendre que Yahya Jammeh, le président sortant au pouvoir depuis 1994 (j’avais 39 ans !), venait de reconnaître sa défaite.

Un Gambien tient dans ses mains l’affiche de campagne d’Adama Barrow, élu président de la Gambie, à Banjul, le 29 novembre 2016. © Jerome Delay/AP/SIPA

Un Gambien tient dans ses mains l’affiche de campagne d’Adama Barrow, élu président de la Gambie, à Banjul, le 29 novembre 2016. © Jerome Delay/AP/SIPA

ProfilAuteur_TshitengeLubabu
  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 27 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Ivre de joie, j’ai envoyé un message à un ami gambien : « Le miracle existe et il est gambien ! » Et lui de me répondre : « Merci mon frère ! »

Quelques jours plus tard, j’étais consterné d’apprendre que le fantasque Jammeh avait changé d’avis en dénonçant « des irrégularités » ! Comme si ses vingt-deux années de pouvoir n’étaient qu’une goutte d’eau dans la vie des Gambiens. Autrement dit, dans la logique de ce personnage et de ceux qui lui ressemblent, tenir compte du verdict des urnes quand on a perdu, c’est accepter d’être spolié.

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Pour Jammeh et consorts, le fauteuil présidentiel est une propriété privée. Que faire pour leur prouver le contraire ? Une chose, une seule : leur botter le derrière. Et ouste !

En République démocratique du Congo, pendant ce temps, la classe dite politique n’a pas arrêté de dialoguer, de palabrer, de blablater « dans l’intérêt supérieur de la nation », pour reprendre une expression consacrée.

Ah, les pauvres, quelle débauche d’énergie, entre dribbles et crocs-en-jambe ! Mais les discours des uns et des autres ne sont pas toujours très limpides. Leurs véritables intentions se cachent derrière une phraséologie alambiquée. Et ils prétendent parler au nom du peuple, pour le salut de la nation. Le peuple. Mais quel peuple ?

Cela m’a poussé à réfléchir un tout petit peu. C’est ainsi que je me suis souvenu d’une chose : la définition populaire de la politique et des politiciens. En tshiluba, l’une de nos quatre langues nationales, la politique est qualifiée de tshididi, c’est-à-dire de « complot ». Les politiciens, eux, sont des bena tshididi. Traduction : des « comploteurs ».

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La réalité sur le terrain montre bien que les signataires de l’accord d’octobre 2016, avec Edem Kodjo comme « facilitateur » et qui a conduit à la formation d’un gouvernement éléphantesque, ne voient pas d’un bon œil ceux qui ont signé celui du 31 décembre, parrainé par l’Église catholique. La position des premiers est on ne peut plus claire : « Nous y sommes, nous y restons ! » Pour les seconds, le discours est différent : « Ôtez-vous de là qu’on s’y mette ! » Et c’est public. Qui gagnera cette guerre kafkaïenne des maroquins ? Les docteurs ès politique du ventre.

En Côte d’Ivoire, les militaires ont choisi l’intimidation pour revendiquer des primes et des soldes dignes. Il est vrai que les militaires, policiers et gendarmes de nos pays sont parmi les catégories sociales les plus mal rémunérées. Raison pour laquelle ils se sont transformés en racketteurs et en mendiants. Mais ont-ils raison de terroriser la population ? L’histoire de mon pays m’a appris que les mutineries menées dans plusieurs casernes en juillet 1960, quelques jours seulement après l’indépendance, ont été un désastre qui a conduit, entre autres, à l’échec et à l’assassinat du Premier ministre Patrice Lumumba. Une armée indisciplinée est un danger public.

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