Centrafrique : les Casques bleus pris en tenaille à l’approche d’un affrontement entre groupes armés à Bambari

À Bambari, dans l’est de la Centrafrique, la situation est confuse depuis plusieurs jours, sur fond de combats imminents entre le FPRC-MPC et l’UPC, deux factions de la Séléka.

Des combattants de l’ex-Séléka à Bambari le 24 mai 2014. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des combattants de l’ex-Séléka à Bambari le 24 mai 2014. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 17 février 2017 Lecture : 2 minutes.

La coalition FPRC-MPC (Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique – Mouvement patriotique pour la Centrafrique), qui a annoncé bénéficier du soutien de certaines composantes des anti-balaka, tient à entrer dans la ville sous contrôle de l’UPC (Union pour la Paix en Centrafrique), qui y a installé sa base depuis le départ de Michel Djotodia. 

La Mission des Nations unies pour le soutien à la Centrafrique (Minusca) veut éviter l’embrasement de la ville et y a établi une limite à ne pas franchir par la coalition. Le 11 février, elle a annoncé avoir fait usage d’un hélicoptère pour disperser des combattants du FPRC-MPC qui voulaient franchir la zone interdite, tuant à cette occasion un de ses chefs militaires.

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Noureddine Adam et Mahamat Al Khatim vs Ali Darassa

Sous sanctions de l’ONU, Noureddine Adam, ex-numéro deux de la Séléka et ancien responsable du service de renseignements de Michel Djotodia, est l’un des initiateurs de la partition de la Centrafrique.

Fin 2015, il crée le Front patriotique pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), rejoint par plusieurs généraux de l’ex-Séléka, et établit sa base à Kaga-Bandoro, principale ville du nord du pays.

Il tente alors de réunir les autres factions, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) du « général » Mahamat Al Khatim et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa. Le premier accepte de se rallier, le second oppose une fin de non recevoir.

Ali Darassa contrôle le grand est du pays. Il a notamment la mainmise sur le commerce de bois à Bambari et du diamant à Ndassima. « Noureddine tient absolument à contrôler Bambari et les environs parce que économiquement, ça représente une force. Les taxes sur les bois et le contrôle des mines de Ndassima sont les véritables motifs de cette guerre », analyse Barthélémy Mbrematchou, ancien sous-préfet de Bambari, qui souligne que « les impôts que paient les commerçants de la ville sont un plus pour se ravitailler en vivres et en armes ».

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Concentration des forces

Noureddine Adam, dont la présence a été signalée ces deux derniers jours à Kaga-Bandoro, a même annoncé dans un communiqué du 14 février le « ralliement » des anti-balaka de Bambari à sa coalition. Il appelle la Minusca à « lever la ligne rouge » pour « permettre à la coalition de rétablir la sécurité dans Bambari ».

Pour lui, « il n’est pas question de partition mais de restaurer coûte que coûte la liberté de circulation et le vivre ensemble entre les communautés ». Des combattants du MPC d’Alkhatim devraient arriver « avant vendredi » près de Bambari, en renfort, pour « forcer la traversée de la ligne rouge », d’après un colonel du FPRC.

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Mercredi, Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca, a rappelé que « les casques bleus maintiennent l’opération visant à empêcher tout groupe armé de menacer les populations ». Il a affirmé que la Minusca prenait au sérieux les menaces de la coalition FPRC-MPC contre les casques bleus et le personnel de l’ONU en Centrafrique.

Mais les habitants de Bambari retiennent leur souffle. « Beaucoup de combattants de Noureddine sont entrés dans la ville sans que la Minusca ne le sache. On sait que quoi qu’il en soit la situation va dégénérer très bientôt », confie un enseignant, ajoutant que des habitants des communes voisines ont fui pour se réfugier à Bambari tandis que les habitants de la ville, eux, sont de plus en plus nombreux à partir en direction de Bangui.

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