La baisse des cours du pétrole ralentit la croissance dans la zone Cemac
La Banque des États de l’Afrique centrale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone de 5,6 % à 4,9 % en 2014. Les déficits des comptes publics et l’inflation se sont également aggravés.
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) prend acte de la chute des cours du pétrole dont cinq des six pays de la sous-région sont producteurs (République du Congo, Gabon, Tchad, Cameroun et Guinée équatoriale). La croissance de la zone se situe finalement à 4,9 % en 2014 alors qu’une estimation antérieure la situait à 5,6 % (un niveau déjà en recul par rapport aux prévisions précédentes), constate la banque centrale régionale au terme du dernier comité de politique monétaire de l’année, tenu le 18 décembre à Douala. Elle est néanmoins en hausse par rapport à 2013 (1,3 %).
Facteurs de risque
Les déficits jumeaux se sont également dégradés en comparaison à l’année écoulée, passant de -2 à -2,8 % du PIB pour le solde budgétaire et -6,5 % à -11,1 % du PIB pour le solde des comptes courants. L’inflation quant à elle passe de 2 à 3,7% au cours de la même période. Celle-ci devrait cependant être ramenée à 2,7% en 2015, selon les projections actualisées de la Beac qui table sur un taux de croissance autour de 5 %, s’appuyant en cela sur le « dynamisme du secteur non-pétrolier ».
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« Toutefois, de nombreux facteurs de risque pourraient influencer ces perspectives, au nombre desquels une baisse plus prononcée que prévue des cours du pétrole brut, une reprise plus lente dans la zone Euro, le ralentissement de la demande dans les pays émergents, la menace de Boko Haram à l’extrême-Nord du Cameroun et la persistance de la crise centrafricaine », dévoile son gouverneur, Lucas Abaga Nchama.
Nouveaux instruments
Tout en maintenant son taux directeur inchangé à 2,95 %, la Beac approuve l’instauration de la pension livrée (ou « repo », un mécanisme qui permet de refinancer à court terme des titres en les échangeant contre de la trésorerie pour une période déterminée) et d’un marché des titres de créances négociables (TCN), deux outils devant, selon le gouverneur, permettre l’animation du marché interbancaire. « Nous avons constaté que les banques de la zone ne prêtent qu’à celles appartenant au même groupe », note Lucas Abaga Nchama.
« Ces deux instruments sont en effet susceptibles de favoriser l’approfondissement du marché monétaire et de réduire l’effet mémoire dû à la crise financière des années 80. L’absence de support financier – qui explique que les banques ne prêtent qu’aux consœurs appartenant aux même groupes – combiné à cet effet mémoire justifient la faiblesse du marché monétaire régional. Il faudrait attendre de voir comment les banques vont accueillir ces deux instruments avant de présager de l’avenir », observe avec prudence Désiré Avom, le directeur du Centre d’études et de recherche en économie et gestion (Cereg) de l’université de Yaoundé II – Soa.
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