La Black Fashion Week dé-ghéttoïse la mode « afro »

Pour la troisième année consécutive, Adama Ndiaye alias Adama Paris (son nom de créatrice) pose ses bagages dans l’une des plus grandes capitales de la mode à l’occasion de la Black Fashion Week de Paris, du 2 au 4 octobre. Mais la styliste sénégalaise doit encore se battre pour faire entendre sa voix et son combat : ouvrir l’univers de la mode aux créateurs et mannequins de la diaspora.

La Black Fashion Week se tient du 2 au 4 octobre au Pavillon Cambon-Capucines, à Paris. © Fred Dufour/AFP

La Black Fashion Week se tient du 2 au 4 octobre au Pavillon Cambon-Capucines, à Paris. © Fred Dufour/AFP

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Publié le 3 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Difficile d’échapper aux diktats d’une mode monopolisée par les Occidentaux. Pour imposer la Black Fashion Week dans l’univers cloisonné des défilés, Adama Paris a dû prendre quelques coups. Depuis la première édition parisienne en 2012, la créatrice sénégalaise à l’origine de la semaine de la mode de Dakar a dû se défendre face aux accusations de communautarisme et de sectarisme dont elle avait été la cible.

En créant une semaine de la mode "noire", également organisée à Prague, Bahia et Montréal, la styliste n’avait pourtant qu’une chose en tête : valoriser les créateurs et mannequins issus de la diaspora et s’indigner contre une "Fashion Week trop blanche" et le manque de diversité ethnique lors des défilés de grands créateurs.

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En deux ans, Adama Paris est devenue la porte-voix d’une mode cosmopolite et métissée en offrant un espace de visibilité aux créateurs issus de la diaspora qui peinent encore à se faire une place sur les podiums, à l’exception du Sud-Africain David Tlale et de la styliste d’origine haïtienne Stella Jean, présents aux semaines de la mode de New-York ou Milan. "Depuis qu’Adama a créé la Black Fashion Week, les médias français s’intéressent plus à la mode dite africaine ou inspirée par l’Afrique", se réjouit Diane Audrey Ngako, rédactrice en chef du magazine Roots, un trimestriel consacré à la culture afro-caribéenne, et fondatrice du site Visiter l’Afrique.

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Un pari pas encore gagné

"L’événement a dé-ghettoïsé la création africaine, l’installant dans un beau cadre avec une production globale professionnelle", assure Paola Audrey, fondatrice du magazine Fashizblack et de l’agence créative africaine PANNELLE & CO. Cette année, seize créateurs originaires du Sénégal, du Mali, d’Afrique du sud, du Togo, des Comores ou encore du Nigeria, présenteront leurs collections au Pavillon Cambon-Capucines les 3 et 4 octobre.

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Sous les feux de la scène parisienne, la Black Fashion Week commence à gagner en visibilité mais ne bouscule pas encore les codes. Lors de la semaine de la mode qui s’est achevée le 1er octobre, les podiums manquaient encore cruellement de diversité. Peu de mannequins noirs, antillais ou métisses ont défilé sur les "catwalks", hormis les tops en vogue Leila Nda et Grace Bol. "Tout nouvel événement, qui plus est non organisé par quelqu’un du sérail de la mode, ne peut pas devenir incontournable en deux éditions, veut croire Paola Audrey. Je pense qu’à force de persistance et consistance, l’establishment prêtera attention à la Black Fashion Week."

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Emeline Wuilbercq

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Lors de la soirée de lancement de la Black Fashion Week, le 4 octobre. © Camille Millerand pour J.A.

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